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TROISIEME MANDAT Chronique d’une duperie préméditée

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TROISIEME MANDAT

Chronique d’une duperie préméditée

Aujourd’hui le débat sur la possibilité du président Sall de se représenter pour un 3 eme mandat fait rage. Pourtant ce débat soulevé arguments à l’appui en 2017 par d’éminents juristes avait été vite étouffé par le camp présidentiel qui le jugeait « infondé » et « prématuré. Mais actuellement avec les théoriciens du deuxièmequinquennat il n’est pas saugrenu de penser que ce débat a été occulté ou banalisé en son temps par le camp présidentiel, à dessein avec comme ambition de s’engouffrer dans cette brèche laissée ouverte le moment venu. Ce qui n’est rien d’autre qu’une duperie savamment planifiée.

Par El Hassane SALL

A bien considérer les choses, on se rend compte que ce problème du 3 eme mandat qui agite actuellement le landernau politique aurait pu être circonscrit en son temps et éviter au Sénégal des lendemains troubles comme ce fut le cas en 2012. Malheureusement le constat est que les tenants du régime avaient tout prémédité si l’on en juge par ces faits. Tout d’abord dans une récente missive envoyée au président Sall Mimi Touré lui rappelle ceci « vous aviez consulté le Conseil Constitutionnel avant le Référendum de 2016 et il vous aurait assuré à l’avance que vous pourriez vous présenter à l’élection présidentielle de 2024. Ce fut alors une consultation secrète dont vous n’avez informé ni vos compagnons politiques, ni votre parti ni votre coalition. Le plus grave, Monsieur le Président, c’est que vous ne l’aviez pas dit aux Sénégalais durant la campagne pour le Référendum du 20 mars 2016 et les électeurs ont voté à 62,7% votre projet de révision de la Constitution avec la certitude d’avoir définitivement régler la question du troisième mandat qui est source d’instabilité sociale dans notre sous-région. » Mieux, invité au Grand Jury du 8 octobre 2017, le professeur Babacar Guèye déclarait qu’un 3 eme mandat pour Macky Sall était dans le domaine du possible. « La Constitution actuelle du Sénégal, telle qu’elle est libellée, n’interdit pas au Président Macky Sall de briguer un troisième mandat. » avait laissé entendre le Constitutionnaliste. Des propos qui avaient soulevé un tollé et valu une volée de bois vert au professeur Guèye.  Malgré tout ils avaient été confirmés par son collègue Jacques Mariel Nzouankeu selon qui : « en 2024, avec le droit positif actuel, il n’y aura pas de débat sur la recevabilité d’une candidature du Président Macky Sall. » Surtout, avait-il expliqué, « nulle part, il n’est écrit que le mandat de 7 ans est, ou n’est pas compris dans le décompte des deux mandats consécutifs du nouvel article 27. »  Malgré la sortie de ces juristes dont la crédibilité ne souffre d’aucun doute, le camp présidentiel a préféré jouer à la politique de l’autruche, choisissant d’entretenir un flou artistique en attendant le moment propice pour se dévoiler et mettre tout le monde devant le fait accompli. Et cela traduit un manque de sincérité   parce que ce ne sont pas les occasions qui ont manqué pour mettre des verrous.  D’ailleurs, c’est conscient de cette situation que le juge Ibrahima Hamidou Dème s’était lui aussi invité dans le débat pour tirer la sonnette d’alarme et émettre des solutions. Ainsi dans une contribution intitulée « La Constitution piégée pour un troisième mandat » publiée en mars 2019, laquelle avait pourobjet de démontrer que la révision constitutionnelle de 2016 « a ouvert une brèche permettant une troisième candidature de l’actuel président en 2024. » Aussi avait-il expliqué que « cette hypothèse que le pouvoir feint de rejeter pour le moment est, en réalité, juridiquement défendable. » C’est pourquoi, pour anticiper sur les événements, le juge Dème avait suggérél’adoption de dispositions transitoires par la voie parlementaire, précisant que le mandat en cours fait partie du décompte des mandats, ce qui pouvait régler définitivement ce quiproquo constitutionnel.  L’autre solution aurait été selon le juge que le Président de la République à qui appartient seul cette prérogative, saisisse le Conseil Constitutionnel pour avis sur cette question. Si le Conseil Constitutionnel est d’avis que l’actuel président ne peut pas se représenter pour un troisième mandat, le débat sera définitivement clos. Si en revanche, il est d’avis contraire, il faudra trouver au plus vite, une solution politique pour que tout le monde soit convaincu que les manœuvres politiciennes ne pourront pas remettre en cause la sacralité conférée par les sénégalais à la clause limitative des mandats à deux. Malheureusement le pouvoir avait des ambitions autres que de tenir en compte les avertissements et les suggestions de ces éminents juristes. Les Sénégalaisquant à eux sont tous aujourd’hui gagnés par l’angoisse et l’inquiétude car une fois de plus le pays risque de (re) plonger dans des lendemains incertains. Le seul regret est que tout cela a été prémédité.

SOURCE : TRIBUNE


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