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SENEGAL Une République ou un gâteau à partager ?

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SENEGAL

Une République ou un gâteau à partager ?

Le Sénégal est-il une République ou un gâteau à partager ? Une question qui mérite réponse parce qu’étymologiquement, la République c’est la chose publique. Malheureusement dans les faits le Sénégal censé être celui de tous pour tous est devenu le Sénégal de quelques politiciens qui l’ont pris en otage et le considèrent comme  un gâteau qu’ils doivent se partager tranquillement et se protéger mutuellement.

Par El Hassane SALL

Aujourd’hui il est beaucoup question de succession de Macky Sall. Comme à la veille de chaque élection c’est le temps des grandes manœuvres, chacun échafaude pour soi l’œil sur l’avenir. Et dans les sorties auxquelles on assiste aujourd’hui, on entend qu’un tel est le plus indiqué pour remplacer le chef de l’Etat ou qu’un autre a plus d’envergure que tel. Mais ce qui intrigue le plus est que dans ces calculs politiciens et autres manigances, il n’est nullement question des préoccupations des populations mais que d’intérêts partisans. Aujourd’hui dans la succession du président Sall, deux camps s’affrontent les partisans de la continuité qui travaillent dur pour    la conservation du pouvoir dans sa forme actuelle, et un autre qui cherche vaille que vaille à faire tomber le système.  Actuellement, le choix qui est laissé au peuple est binaire, soit laisser ce système perdurer entre les mains des prédateurs qui le dirigent balayer toute cette horde de profiteurs etreprendre son avenir pour bâtir un Sénégal plus juste, moins inégalitaire et plus solidaire. Mais il est évident que ce combat ne sera pas de tout repos car ceux qui sont aux affaires utiliseront toutes les armes pour la perpétuation du système en place, qu’ellessoient conventionnelles ou pas. Malgré deux alternances censées remettre le pays sur les rails, les choses vont de mal en pire alors que les présidents élus avaient tous promis un changement radical, qui le Sopi, qui la Rupture.  Finalement c’est comme bonnet blanc et blanc bonnet car tous deux se sont appuyés sur des coalitions pour gouverner. Et, il serait intéressant de savoir quelle valeur ajoutée ces coalitions qui ont accompagné ces présidents de 2000 à aujourd’hui ont apporté au pays. Durant leur compagnonnage avec les présidents, qu’ont-ils fait pour l’avancement du pays ? Aujourd’hui l’on nous dit que Benno Bokk Yaakar a battu le record de longévité. Mais à quel prix ?  Une question qui mérite réponse parce qu’aussi bien sous Wade que sous Macky Sall, les coalitions ont été entretenues au frais du contribuable. Sous Wade on parlait de tontine de la Cap 21 avec les fracassantes révélations d’Ousmane Faye qui avait révélé que Me Wade avait distribué à ses alliés « près de 375 millions 600 mille par an et 4 milliards 507 millions de francs par an sous son magistère. Sans compter les autres appuis comme les billets pour la Mecque (120) et autres avantages pendant les fêtes religieuses ». En 2012 avec l’avènementde Macky Sall, chantre de la gouvernance sobre et vertueuse, tout le monde croyait que de telles pratiques seraient révolues. Mais que nenni ! Du moins si l’on en juge par les propos de Mamadou Ndoye ancien secrétaire général de la Ld, « le président Macky Sall donne de l’argent à chaque fin de mois aux chefs de partis. Mamadou Ndoye en avait fait la révélation le dimanche 24 septembre 2017 lors de l’émission « Objection » sur la Sud FM, dont il était l’invité. « Quand j’ai été élu Secrétaire général, je suis allé dans le cadre de l’alliance me présenter au président de la République. Le président de la République m’a proposé ceci : Mamadou je te donne un poste de ministre Conseiller ou bien comme je le fais comme pour d’autres, je te donne 4 millions (Fcfa) par mois », avait-il lâché. Pourtant cette alliance née durant l’entre deux tours de la présidentielle de 2012 avait fait naître beaucoup d’espoir au sein d’une bonne frange des Sénégalais qui souhaitaient une gestion collégiale devant permettre la naissance d’une aube nouvelle. La mise en pratique des recommandations des Assises nationales qui prônaient une autre façon de faire et dont la majeure partie des alliés étaient initiateurs, bailleurs et signataires était parmi une de ses missions phare.  Mais après avoir poussé Wade à la sortie, le goût prononcé du pouvoir et de ses privilèges, a fini par (re) prendre le dessus sur toutes les autres préoccupations.  Car les nouveaux tenants du pouvoir se sont assis sur les Assises pour gouter goulument aux délices du pouvoir. A part cela, rien ne semblait intéresser ces alliés. Pour dire que dans les faits, ce compagnonnage n’est pas basé sur des principes mais sur des prébendes. Sinon comment comprendre le fait que malgré toutes les dérives et errements et tous les scandales financiers qui ont jalonné le règne de l’Alliance pour la République, qu’aucun allié n’ait eu le courage de se prononcer, de rappeler les principes républicains à qui de droit et le fondement de leur alliance? Parce que si le compagnonnage de Benno Yaakar avec Macky Sall était adossé sur des convictions et sur la seule volonté de ses leaders d’œuvrer ensemble pour la transparence et la bonne gouvernance, ils auraient dû quitter la mouvance présidentielle depuis belle lurette. Comme l’ont fait en son temps des leaders de la trempe de Abdoulaye Bathily ou feu Amath Dansokho, qui malgré les liens étroits qu’ils avaient avec Abdoulaye Wade n’hésitaient jamais à le rappeler à l’ordre, quitte à claquer la porte.   Mais lapassivité des leaders de Benno face aux dérives de leur principal allié a fini de donner raison à ceux qui clamaient urbi et orbi que cette alliance était « l’escroquerie du siècle » car tout ce qui leur importait, c’est d’avoir leur part du gâteau au chocolat. Et le «Gagner ensemble et gérer ensemble » qui devait cimenter les diverses composantes de ce bloc n’était en réalité que le gagner ensemble et manger ensemble. Mais ce qui choque le plus est le fait que ces alliés dont l’utilité pour le pays reste à démontrer ont été des années durant grassement entretenus au frais du contribuable. Pour leurs beaux yeux, on a créé des institutions budgétivores à l’image du Hcct, Cese etc. dans le seul but de les caser, sans compter les postes de Pca et autressinécures.  Des planques qui coûtent cherau contribuable sénégalais et qui ne lui rapportent absolument rien. D’ailleurs tous les milliards dépensés pour les entretenir toutes ces années durant n’auraient-ils pas mieux valu les injecter dans des secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation, ou booster le secteur primaire etc. pour soulager le dur vécu des populations. Finalement, c’est comme si les politiques n’avaient qu’une seule et unique vision : la conquête du pouvoir et sa conservation, la …faim de privilèges justifiant tous les moyens. Quant aux préoccupations des populations, elles pourront toujours attendre. Aujourd’hui on comprend mieux pourquoi les finances publiques sont exsangues et pourquoi le tarde à décoller. Car avec de telles pratiques, comment peut-on atteindre le développement ou l’émergence ???

SOURCE : TRIBUNE


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