République des Contrastes : Quand la Justice Sévit pour les Délits d’Opinion, mais Tarde sur les Crimes Économiques
République des Contrastes : Quand la Justice Sévit pour les Délits d’Opinion, mais Tarde sur les Crimes Économiques
Depuis l’arrivée du nouveau régime, les arrestations et convocations pour délits d’opinion se multiplient, tandis que les anciens ministres et directeurs généraux accusés de détournements massifs de fonds publics continuent de vaquer librement à leurs occupations.
Une justice prompte contre les voix dissidentes
Le cas d’Adama Fall illustre parfaitement cette dérive. Le chroniqueur a été placé sous mandat de dépôt après l’autosaisine du procureur pour des déclarations jugées controversées. Son procès a pourtant abouti à une relaxe, ce qui pose une question fondamentale : l’intervention du procureur était-elle réellement justifiée ou relevait-elle d’un acharnement politique ?
Dans le même registre, Assane Diouf, figure bien connue pour ses prises de position virulentes, est lui aussi sous les verrous. Son arrestation, comme tant d’autres, témoigne d’une justice qui semble avoir fait du musellement des opposants une priorité absolue.
Ce schéma commence à devenir systématique : les convocations, arrestations et incarcérations s’enchaînent dès qu’il s’agit de citoyens exprimant des opinions critiques envers le régime en place.
Où sont les poursuites contre les prédateurs économiques ?
Pendant ce temps, le silence reste assourdissant sur les détournements présumés de plusieurs milliards de francs CFA sous l’ancien régime. Le pouvoir actuel, pourtant arrivé avec la promesse de rendre justice aux Sénégalais, n’a jusqu’ici engagé aucune poursuite significative contre les ex-ministres et directeurs généraux accusés d’avoir pillé les ressources du pays.
Les révélations de la Cour des Comptes, les rapports de l’OFNAC et de la CENTIF sur des malversations massives sont toujours sans suite concrète. Pourtant, l’affaire Farba Ngom, poursuivi pour un scandale financier impliquant 125 milliards de francs CFA, pourrait être un premier test pour la crédibilité de la justice sous ce régime. Aujourd’hui, il fait face au juge d’instruction et risque un mandat de dépôt, une décision qui serait perçue comme un premier signe de fermeté. Mais beaucoup restent sceptiques, se demandant si la justice osera aller jusqu’au bout.
Une répression sélective, une frustration grandissante
Ce deux poids, deux mesures ne passe pas inaperçu. Comment expliquer que des citoyens lambda soient arrêtés pour des opinions, tandis que ceux qui ont hypothéqué l’avenir du pays dorment tranquilles ? Cette justice à géométrie variable nourrit un climat de frustration et de défiance grandissant vis-à-vis des institutions.
Si le régime ne veut pas perdre en crédibilité, il devra répondre à une question simple : va-t-il réellement combattre l’impunité économique ou se contentera-t-il de museler les voix discordantes ?
Kalamoulah pour Opinions libres