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Presse indépendante : n’ayez pas peur de démissionner, chers confrères.

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Presse indépendante : n’ayez pas peur de démissionner, chers confrères
Au Sénégal, la presse représente aujourd’hui un véritable problème pour le développement économique, culturel et social du pays, alors qu’elle devrait en être un levier. La presse devrait être à la fois chien de garde et moteur de propulsion du développement national. Nous avons besoin d’une presse libre, indépendante et profondément patriotique. Notre métier est de raconter de vraies histoires au profit de nos communautés, afin que des solutions soient apportées.
Mais actuellement, nos maisons de presse se transforment trop souvent en boucliers politiques, et plus visiblement, en bras armés de l’opposition. Lorsque la presse se positionne de manière partisane contre un pouvoir en place, que reste-t-il du journalisme ? Ce métier pourtant noble, passionnant et profondément spirituel, pourrait véritablement soulager les communautés, si ses acteurs jouaient pleinement leur rôle d’informer avec justesse, révéler avec intégrité.
Le Sénégal est à un tournant historique de son existence économique. Le rapport récent de la Cour des Comptes en est une preuve retentissante. Ce contexte exige de chaque citoyen éveillé et responsable qu’il se positionne au premier rang pour défendre la nation. Cette nation qui nous lit, par le sang, par la terre, ou par l’histoire.
Société civile, opposition, toutes les forces vives doivent adopter une posture républicaine, à la lumière des irrégularités graves relevées. Si nous aimons vraiment ce pays, alors l’heure de l’engagement citoyen et du patriotisme économique a sonné.
Les investisseurs sénégalais viennent de lancer un message fort ce vendredi 11 avril 2025. En effet, ils ont répondu favorablement à l’Appel Public à l’Epargne (APE) de l’Etat du Sénégal. Prévu pour un montant de 150 milliards de FCFA d’ici le 18 avril 2025, les souscripteurs ont dépassé l’objectif avant l’échéance pour proposer 405 milliards de FCFA. Ce qui représente un message fort de l’engagement de nos compatriotes pour sortir ce pays de ses difficultés financières. Une leçon de confiance, d’engagement, et de capacité. En tant que journalistes, notre rôle est aussi de décrypter, d’accompagner les intérêts de notre communauté, car les politiciens ont un mandat, mais le peuple est permanent.
En tant que journaliste d’investigation, j’ai récemment, au cours de mes recherches, découvert une localité que des consoeurs hors du continent africain m’ont révélée. Elles, à distance, ont vu ce que nous n’avons pas vu, nous, journalistes du terroir. Sur place, les habitants m’ont dit que j’étais la première journaliste à mettre les pieds chez eux. Incroyable, mais vrai.
Et pourtant, nous sommes plus de 2000 journalistes titulaires de cartes de presse, sans compter les journalistes citoyens sur les réseaux sociaux. Devons-nous faire une pause et repenser notre modèle de journalisme ? Car dans cette précarité extrême, certains, par peur, acceptent des salaires misérables et s’éloignent des bonnes pratiques pour satisfaire des patrons aux agendas déconnectés du peuple.
« Le journalisme en Afrique est une preuve d’amour », disait un confrère du Tchad. Je dirais plus : le journalisme est une preuve de Foi en Afrique. Démissionnez autant de fois que nécessaire. Vous trouverez toujours de quoi vivre dignement. Allah (swt) n’abandonne jamais ceux qui agissent avec sincérité, valeurs et convictions.
Oui, rien n’est facile. Mais il est de notre devoir de partager nos expériences, pour éclairer la voie de celles et ceux qui sont encore coincés dans des rédactions esclavagistes.
Je n’ai peut-être pas le record de démissions dans la presse, mais j’ai un parcours qui résonne encore. En mars 2021, pendant l’affaire Sweet Beauty, j’ai démissionné en silence. J’ai subi des animosités extrêmes, que je révélerai peut-être un jour. Mais j’ai démissionné, car c’était la seule décision humaine possible. J’avais pressenti que le pays allait sombrer, et nous avons vu ce qui s’est passé. Des morts, puis un procès concluant à l’inexistence de viol. N’avais-je pas raison ?
N’ai-je pas le droit d’exister, de vivre, d’exercer mon métier par passion, en silence, malgré les horreurs que je continue à subir ? Ma Foi, et le soutien spirituel de ma famille et de mes proches me sauvent chaque fois que je sens la manipulation ou les forces de l’ombre approcher depuis lors.
Prenez vos responsabilités. Démissionnez ! C’est cela, être en phase avec soi-même.
Depuis mars 2021, notre presse n’est plus la même. Elle ne l’était peut-être pas déjà, mais depuis cette date, elle est devenue un outil national de lutte contre un seul homme de surcroît, Ousmane Sonko. Osons le dire, les faits sont sacrés, le commentaire est libre. Une presse entière contre un homme, dans un pays de 18 millions d’habitants, cela n’existe qu’au Sénégal.
Ailleurs, on parle de tous. On débat de tout. Chez nous, depuis 2021, un seul homme fait vivre une presse entière, animée par des hommes tapis dans l’ombre, qui nient les signes divins malgré leur évidence.
Il ne s’agit pas ici de défendre un homme politique, car il a ses militants et ses institutions pour cela. Il s’agit d’un cri du cœur citoyen, pour dénoncer un acharnement qui freine notre pays. Nous devons viser le leadership qui nous est destiné, pas l’auto-sabotage.
Ce fut le cas avec Senghor et Mamadou Dia. Aujourd’hui, un homme a osé sonner la résistance. On l’a ciblé par un kompromat, mais il a tenu debout, historiquement. Qui dira le contraire avec des preuves ?
Soyons mobilisés. Menons ce pays à bon port, à l’ère où la géopolitique redéfinit les destins des nations. Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye sont en train de réaliser le rêve de Cheikh Anta Diop, Omar Blondin Diop, Kwame Nkrumah, Nelson Mandela, Thomas Sankara au vu et au su de tous.Ne laissons pas des groupuscules occultes noyer ces pas historiques juste par peur ou manque de confiance en soi.
Au Sénégal, nous, journalistes indépendants, ne pouvons même plus décrocher des bourses pour financer nos recherches, car on nous assimile à une presse politique. Jusqu’à quand refuserons-nous d’assumer nos positions, de nous lever pour nos missions ?
Chers concitoyens, chers confrères et consœurs, relevons-nous de nos cendres. Osons faire du journalisme. Laissons un véritable legs aux générations dignes qui viendront après nous.
Brisons les chaînes tant qu’il est temps.
Un salaire ne vaut pas votre dignité.
Rien n’égale un esprit indépendant et engagé pour servir sa communauté. Malgré les difficultés économiques, c’est possible. Un seul reportage peut sauver des vies. Créer de l’espoir.
Et la situation alarmante de notre pays nous impose un engagement personnel, sincère et participatif.
Zaynab SANGARÈ
Journaliste d’investigation
Spécialisée en data journalisme


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