POUR GUERIR LE SENEGAL DEFINITIVEMENT DE SES MAUX Et si la transition était la solution ?
POUR GUERIR LE SENEGAL DEFINITIVEMENT DE SES MAUX
Et si la transition était la solution ?
Après l’échec successif des alternances, il est grand temps que les Sénégalais s’interrogent sur les causes de ces échecs répétitifs. Parce que plus ça change et plus c’est pareil pour ne pas dire çaempire. Parmi les maux qui plombent le véritable changement, il y en a deux qui doivent être réglés impérativement : l’hyper présidentialisme et lamainmise de la France sur notre économie. Aussi, pour une véritable alternative, ne faudrait-il pas que toute l’opposition se réunisse et se mette d’accord pour mettre en selle un président de transition pour un mandat non renouvelable de 5 ans. Lequel président aura comme seule et unique mission la refondation en profondeur des institutions et la renégociation des contrats de nos ressources naturelles. Sinon les Sénégalais risquent de ne jamais voir le bout du tunnel, ils auront beau changer de dirigeants, alterner, rechanger, rien n’y fera, car les mêmes causes reproduiront toujours les mêmes effets.
Par El Hassane SALL
Le Sénégal traverse actuellement l’une des plus graves crises de son histoire dont les manifestations sont visibles à travers la remise en cause de tous ses acquis démocratiquesmais surtout de ses institutions surtout judiciaires. Malgré tout, même si la situation est grave, elle n’est pas désespérée car le Sénégal, a la chance de disposer des instruments qui pourraient lui éviter d’aller dans le sens de changement violents pour assainir la gouvernance démocratique de notre jeune état-nation. Et la solution aux nombreux maux qui plombent l’envol du Sénégal se trouve dans lacharte de bonne gouvernance démocratique, élaborée par les différentes parties prenantes à l’issue des Assises nationales, à la suite de deux ans de consultations citoyennes. Laquelle charte jette les bases d’une refondation de la république avec de nouvelles institutions et des réformes dans divers secteurs prioritaires tels que les institutions politiques, la santé l’éducation etc. Seulement le problème est de savoir quel sera ce président qui voudra bien accepter de scier la branche sur laquelle il est assis étant donné que cette charte recommande de mettre un terme, d’une part, à la tendance à la concentration excessive des pouvoirs à la présidence de la République notée à la suite de la crise de 1962 et qui s’est accentuée depuis l’alternance, en l’an 2000 et, d’autre part, à toute immixtion du Président de la République dans le fonctionnement du législatif et du judiciaire.
LE PRESIDENT DORENAVANT PASSIBLE DE POURSUITES JUDICIAIRES…
L’exécutif dans son ensemble doit s’abstenir de toute interférence dans le fonctionnement normal de la justice. Le Président de la République sera dorénavant passible de poursuites judiciaires pour des délits caractérisés commis dans l’exercice de ses fonctions. Le Président de la République ne peut être ni chef de parti politique ni membre d’une quelconque association durant l’exercice de ses fonctions. À la fin de son mandat, un membre de la famille du Président de la République au premier degré (conjoint, ascendant, descendant, collatéraux, au premier degré) ne pourra pas lui succéder immédiatement. En plus cette charte concernant les postes de responsabilité à pourvoir recommande un appel à candidature pour avoir les meilleurs talents et compétences. Mais habitué à un hyper présidentialisme qui leur confère tous les pouvoirs, il sera difficile voire impossible de voir un présidentaccepter de renoncer à une seule parcelle de son pouvoir. C’est pourquoi aujourd’hui, vu les urgences de l’heure et les périls qui guettent le Sénégal, il faut qu’il y ait une unité de l’opposition et de toutes les forces vives derrière un homme consensuel pour mener une transition d’une durée de cinq ans non renouvelable. Laquelle transition aura pour but larefondation en profondeur des institutions ensuite la renégociation de tous les contrats de nos ressources naturelles. Le Sénégal regorge de ressources humaines de qualité qui pourront mener à bien cette transition qui devra mettre définitivement le Sénégal à l’abri des soubresauts. Parce que malgré les alternances toujours porteuses d’espoir, elles finissent toujours dans la déception et la douleur. Pourquoi les présidents élus échouent -ils toujours dans leur volonté de mettre en place des reformes qui changeraient complètement le visage du pays ? Auraient-ils les mains liées. Pourquoi les populations continuent-elles de croupir dans la misère alors qu’elles ont suffisamment de ressources naturelles dont la Constitution dit qu’elles leur appartiennent? Pourquoi des secteurs aussi vitaux que la santé et l’éducation sont toujours laissés à quai au profit d’investissements de prestige ? A qui profite cette situation ? Des questions qui devraient faire l’objet de débats de la part de nos politiciens mais qui malheureusement sont soit occultées, soit effleurées alors qu’elles constituent le nœud de nos problèmes. Et à notre humble avis, cela est dû à deux facteurs, la mainmise de la Métropole sur nos économies et la concentration excessive des pouvoirs entre les mains d’un président de la République qui est à leur dévotion.
FRAGILISATION DES CONTRE-POUVOIRSET REPRESSION DES CONTESTATIONS
Ce qui d’ailleurs explique de plus en plus la fragilisation des contre-pouvoirs et la répression sévère des contestations. Car le constat est que depuis toujours, en Afrique, la France a préféré soutenir les dirigeants qui ne respectent ni les droits humains ni les règles démocratiques, mais qui protègent ses intérêts plutôt qu’un peuple qui manifeste pour ses droits légitimes. Aujourd’hui, il est très possible d’inverser la tendance et de retrouver notre souveraineté sur nos ressources, il faudrait seulementque toute l’opposition puisse faire bloc en mettant en selle un homme consensuel pour assurer une transition de 5 ans non renouvelable avec un cahier de charge à respecter scrupuleusement afin que le Sénégal ne soit plus un solliciteur mais un interlocuteur. Car il est inconcevable aujourd’huique dans ce monde devenu un monde très ouvert, un monde de compétition, que nos chefs d’État continuent de subir le diktat de la France avec ces accords illégaux qui ne profitent qu’à eux. D’ailleurs en foi de quoi les dirigeants doivent -ils accepter que la France ait le premier droit d’achat des ressources naturelles du pays ? Pourquoi les dirigeants devront-ils toujours accepter que la Métropole se taille la part du lion avec leurs ressources au moment où la population doit toujours se contenter de miettes ? Et si l’on n’y prend pas garde, le gaz et le pétrolerisquent de passer sous le nez des populations comme le furent leur or, phosphate, et ressources halieutiques etc. Seulement ce combat pour la réappropriation des ressources ne peut pas être le seul fait d’un homme, aussi déterminé soit-il. Car la France ne manquera pas de lui glisser des peaux de bananes et pourquoi pas l’éliminer simplement. Parce qu’encore une fois, la France ne compte pour rien au monde lâcher nos mamelles nourricières. Et il ne fait l’ombre d’aucun doute que tant que le président de la République continuera à concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, en agissant sous la dictée de la France, lesmêmes causes reproduiront toujours les mêmes effets.
SOURCE : TRIBUNE