PASTEF : Une Décennie de Domination en Perspective ? Par PMD
PASTEF : Une Décennie de Domination en Perspective ?
Le scrutin du 17 novembre marque un tournant historique dans la vie politique du Sénégal. En attribuant 130 sièges sur 165 au PASTEF, les Sénégalais n’ont pas seulement plébiscité un parti ou un programme, mais ont exprimé un rejet clair et massif des pratiques politiciennes qui ont marqué les décennies précédentes. Ce choix illustre une volonté populaire de rupture avec un système perçu comme inefficace et opportuniste. En offrant une majorité écrasante au parti au pouvoir, les électeurs ont tracé la voie d’un régime sans véritable contrepoids institutionnel. Cette dynamique, bien que favorable à l’efficacité de l’action gouvernementale, pose également des défis. Les dirigeants du PASTEF se retrouvent aujourd’hui face à une responsabilité immense : transformer cette confiance en résultats concrets, sous peine de voir cette adhésion populaire se muer en désillusion à moyen ou long terme.
Ce résultat est également un signal fort adressé aux autres acteurs politiques. Les partis traditionnels, désorientés par cette débâcle, doivent impérativement repenser leurs stratégies et leurs discours. Il ne s’agit plus de s’opposer pour exister, mais de comprendre les aspirations profondes des citoyens et de construire une alternative crédible. Ce scrutin impose une réflexion collective sur l’avenir du jeu politique sénégalais. Pour les hommes politiques avisés, l’urgence est de transcender les querelles partisanes pour œuvrer à une union sacrée autour des dirigeants actuels. Cette union ne doit pas être une soumission au pouvoir, mais une collaboration stratégique pour garantir la stabilité politique et économique du pays. Le Sénégal ne peut se permettre une opposition stérile ou des luttes intestines alors que les attentes des citoyens, surtout des jeunes, n’ont jamais été aussi élevées.
Avec une majorité aussi écrasante, il est peu probable que le PASTEF rencontre une véritable opposition avant une décennie. Historiquement, les régimes ayant bénéficié d’un tel plébiscite populaire voient leur pouvoir consolidé pour plusieurs cycles électoraux. La seule menace sérieuse à leur domination vient généralement de l’usure du pouvoir, qui se manifeste souvent après dix ans de gouvernance. Cette usure prend la forme d’un essoufflement des réformes, d’une déconnexion progressive avec les préoccupations des citoyens ou de conflits internes au sein même du parti majoritaire. Si le PASTEF échoue à répondre aux attentes et à maintenir l’unité de ses rangs, il pourrait, à terme, voir émerger des dissensions qui donneraient naissance à une opposition crédible. Ce phénomène n’est pas inédit : les plus grandes oppositions naissent souvent des fractures internes au sein des régimes dominants.
En attendant, le PASTEF semble entrer dans une ère d’hégémonie politique. Cette domination, bien que favorable à une certaine stabilité, comporte des risques. Sans opposition réelle, il est facile pour un régime de tomber dans l’autosatisfaction ou le manque de redevabilité. Les attentes des Sénégalais sont immenses, et le défi pour le pouvoir en place sera de démontrer que cette confiance n’est pas un chèque en blanc. Chaque décision, chaque politique publique, chaque promesse non tenue sera scrutée par une population devenue plus exigeante et plus consciente de ses droits. En définitive, le PASTEF ne devra pas seulement gouverner, mais incarner une nouvelle façon de faire la politique, à la hauteur des espoirs placés en lui.
Ce qui se joue actuellement dépasse les simples enjeux électoraux : c’est l’avenir du Sénégal qui se dessine. Si le PASTEF réussit à répondre aux attentes, il pourrait redéfinir durablement le paysage politique et économique du pays. À l’inverse, un échec pourrait exacerber les frustrations et plonger le Sénégal dans une crise de confiance. La marge de manœuvre est là, mais le défi est immense.