Papa makhtar Dialo revient sur son agression du 15fevrier 2023
Le 15 février 2023 est déjà derrière nous. Ce jour là, alors qu’on revenait d’une manif de mobilisation pour la libération des otages politiques incarcérés par les pontes du régime en place, on nous a agressé. C’était des gens à bord d’un véhicule noir 4X4 double cabine qui ont fondu sur moi. Un d’eux m’a aspergé du liquide spray , et un autre m’a asséné un coup à la figure. Mon visage en devînt rouge de colère. Cette scène de ce 15 février s’est déroulée entre 17-45 et 18h : c’était en plein jour devant plusieurs autres témoins, et pas que la police, qui était également présente sur les lieux.
Mais l’agression s’est si vite passée que beaucoup n’ont eu le temps de comprendre qu’est-ce qui s’était passé. N’ayant rien compris, ils n’y ont vu que du feu. En effet, leur véhicule a foncé vers moi au niveau du pont situé sur le canal 4. Ils m’interceptèrent assis dans leur véhicule qui s’est garé à quelques pas de moi. Subitement ils baissèrent vitre et me helèrent par mon nom pour me jeter des insultes d’opprobres en me menaçant également d’un mauvais sort qu’ils me reserveraient. À mon tour, je répliquai de la meilleure des manières en leur balançant que s’ils se sentent hommes ils n’ont qu’à descendre de leur bagnole et essayer, voir s’ils pourront mettre leurs menaces à exécution. Je n’en pensais pas moins dans mon fort intérieur, car en général ce sont toujours des intimidations, mais cette fois-ci c’était différent. En de pareil cas, vous ne finissez même pas de parler qu’on vous tombe dessus. En efffet, je n’ai pas fini de répliquer que les voilà descendus du véhicule et devant moi. J’ai aperçu un des mecs glisser sa main sous ses vêtements pour en sortir une arme. Je continuai à le suivre du regard quand un autre me surprenait dans un moment d’inattention en me boxant à la figure. Dans le même temps, son compagnon d’en face visage avait fini par saisir ce qu’il cherchait arme sous sa tunique. Il sortit un spray pour me gazer avec sans que je ne sache la nature du liquide qu’il contient. Après avoir été agressé verbalement, j’étais pris à partie par deux gus qui, visiblement, n’étaient pas bien intentionnés envers moi, sans pouvoir me défendre face à une attaque disproportionnée commise à l’aide d’un spray que l’on m’aspergea au visage, et d’un Uppercut. Heureusement que la scène s’est déroulée vers 18h et il y avait beaucoup de gens dans la rue encore. Ce qui m’a permis de bénéficier de l’intervention de passants qui nous ont séparés en me demandant de m’en aller.
On m’a même chuchoté que mes assaillants étaient armés. Sur ce conseil je partis. Mais, sur un coup de réflexe je pris soin de relever le numéro de la plaque d’immatriculation de leur véhicule dont voici : AA-939-EP.
Un contingent de la police étant stationné pas très loin, à quelques mètres du lieu où s’est passée mon agression, je décidai de leur tenir mots pour les informer naïvement de mon agression. Manifestement, peu enclins à intervenir, ils préférèrent me répondre en me disant « nous vous conseillons juste de déposer une plainte, c’est mieux ».
Peut-on ne pas assister une personne en danger en cas d’agression ?
Ils n’ont pas daigné lever le petit doigt et n’ont rien fait pour interpeller mes agresseurs.
Alors je choisis de faire une vidéo en direct sur Facebook à partir de mon téléphone laissé dans ma voiture.
Ce fût ma première alerte avant de me décider par la suite d’aller porter plainte.
Comme j’étais accompagné de Mame Birame Wathie, lui aussi ayant eu sa part aux insultes au moment où ils (les agresseurs) fuyaient à cause de la foule ameutée, nous nous sommes rendus au commissariat de la sûreté urbaine pour déposer une plainte. Mais on s’était très vite rendu compte, après avoir fait le tour de la situation puisqu’il est de la corporation et temoin des faits, qu’il valait mieux que l’on fasse une déclaration commune qui sera enregistrée le même jour de la commission des faits, sur déposition de plainte recueillie et signée procès verbal d’audition à but d’enquête-recherche, puis arrestation des commettants.
Nous avions bon espoir quant à la diligence de cette affaire devant la justice, pensant que la police allait bien faire son travail.
À ce jour et depuis le 15 février dernier rien n’a évolué sur ce cas d’agression, aucune percée ou début d’enrôlement de l’affaire par la justice. Ils oublient peut-être que j’aurai pu être buté par mes assaillants qui se seraient ensuite fondus dans la nature voyant Mame Birame accourrir à mon secours.
C’est pourquoi je tenais à partager mon témoignage sur cette histoire d’agression, afin que nul n’en ignore. Que le 15 février, la veille du procès d’Ousmane Sonko poursuivi pour diffamation, injure publique, faux et usage de faux par le ministre du Tourisme, le 16 février puis renvoyé au 16 mars, le chroniqueur présentateur d’émission au groupe Walfadjri a failli peut être disparaître comme Didier Badji et/ou Fulbert Sambou. Qui sait ?
Pour vous rappeler qu’au Sénégal on ne se sent plus dans un État de droit où la sécurité des biens et des personnes assurée, un pays où on dit tout le temps que force restera à la loi. On aimerait bien les croire, mais, à la lumière de tout ce qui précède, quand je repense à cette scène et considère ma situation personnelle dans le métier de journaliste, avec deux plaintes à mon actif, dont l’une portant mention de « menace de mort et de harcèlement », et l’autre la mention « tentative de meurtre et coups et blessure volontaire », je me dis que dans ce pays, sous ce régime, il est clair que les citoyens ne sont pas tous égaux, car nous n’avons pas les mêmes droits devant la police et la justice, même muni d’un certificat médical spécifiant une interruption temporaire de travail (Itt), signé du médecin et en date du 16 février 2023.
Désormais, ces deux secteurs semblent être au service d’un État et de ses protégés et donnent l’impression qu’ils agissent sur ordre au détriment des populations civiles innocentes et souvent victimes injustement. Jusqu’à quand devrions nous les supporter dans leur tyrannie et leur injustice flagrante ? À force de recevoir des coups on risque de rendre coupable pour coup à terme. Et ce sera un autre Gatsa-Gatsa ou loi du talion tel que conseillé par Dieu dans Son Coran glorieux, le Livre sur lequel il n’y a point de doute.