METTRE UN TERME A L’HYPERPRESIDENTIALISME, REFORMES INSTITUTIONNELLES Seule condition pour une vraie rupture
METTRE UN TERME A L’HYPERPRESIDENTIALISME, REFORMES INSTITUTIONNELLES
Seule condition pour une vraie rupture
Aujourd’hui c’est le temps de manœuvres aussi bien dans le camp du pouvoir que celui de l’opposition pour la succession du président Sall en 2024, tout un programme. Seulement pour qu’un véritable changement puisse s’opérer, il faudrait nécessairement mettre fin à l’hyper présidentialisme et engager des réformes institutionnelles, un préalable incontournable pour une véritable rupture.
Par El Hassane SALL
Aujourd’hui, c’est le temps des manœuvres, dans le camp du pouvoir comme dans celui de l’opposition pour la succession du président Sall en 2024. Seulement aujourd’hui, il ne suffit plus de remplacer pour remplacer mais plutôt de trouver une vraie alternative pour que le Sénégal puisse enfin décoller car ce pays a énormément de potentialités aussi bien sur le plan des ressources humaines que naturelles. Mais le problème majeur du pays c’est l’hyper présidentialisme qui soumet toutes les institutions à sa volonté. D’ailleurs malgré la décision du chef de l’Etat de ne pas se représenter, l’incertitude plane toujours quant aux candidats et aux modalités d’organisation des élections. Pour dire que le problème majeur de notre démocratie c’est l’hyper présidentialisme qui fait que le chef reste le maitre du « je » et peut choisir qui doit et qui ne doit pas participer. C’est pourquoi aujourd’hui il est courant d’entendre parler de sélection et non d’élection. Raison pour laquelle la question qui demeure plus que jamais est de rogner les pouvoirs du président. Aussi est-il devenu impératif d’engager des réformes institutionnelles sans quoi on risque d’assister à un éternel recommencement. D’ailleurs Barack Obama ne croyait pas si bien dire lorsqu’il affirmait que « l’Afrique n’a pas besoin d’homme fort mais d’institutions fortes. » Parce que le constat est que sous nos cieux, nos leaders ont tendance à concentrer tous les pouvoirs entre leurs mains et cette situation est à l’origine de l’arbitraire. La preuve par le Sénégal qui a un président fort pour ne pas dire un hyper président qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Il incarne à la fois l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Et comme le disait Montesquieu « tout homme qui a trop de pouvoir a tendance à en abuser. » Cette vérité éternelle s’est vérifiée avec tous les présidents qui se sont succédé et le point culminant semble être atteint aujourd’hui sous l’ère Macky Sall. Ce problème de l’hyper présidentialisme qui date de 1963 après le clash survenu entre Mamadou Dia et Senghor est un facteur bloquant. Une situation qui semble avoir eu l’onction de la France qui souhaitait un dirigeant à sa totale dévotion à la tête du pays. Parce que contrairement à Senghor qui privilégiait les intérêts de la France au détriment des Sénégalais, Mamadou Dia était un insoumis, ce qui d’ailleurs lui a valu tous les déboires que l’on sait. Depuis lors, tous les dirigeants qui sont succédé obéissent au doigt et à l’œil à la France. Donc pour que les choses changent véritablement aujourd’hui, il faut impérativement que l’opposition fasse bloc pour non seulement se battre pour proposer un programme consistant à réduire les pouvoirs exorbitants du futur président de la République mais aussi se défaire de la mainmise de la France sur notre pays en faisant en sorte que le Sénégal ne soit plus un solliciteur mais un interlocuteur. Parce que la mainmise de la France va de pair avec des relais forts dans les pays qu’elle occupe sans s’embarrasser de tous ces discours sur les libertés ou la démocratie. Tout ce qui lui importe, c’est d’avoir des hommes à sa dévotion pour gérer ses intérêts. Point Barre. Donc aujourd’hui, la tendance ne devrait plus être de changer pour changer, mais de changer pour avancer. Parce qu’il ne fait l’ombre d’aucun doute que tant que le président de la République continuera à concentrer tous les pouvoirs entre ses mains, en agissant sous la dictée de la France, les mêmes causes reproduiront les mêmes effets. C’est pourquoi le F24 dont son coordonnateur disait que ce qu’il voulait c’est ce qu’il y a de mieux pour ce pays, devrait inviter ses partisans à élaborer tout au moins un programme de gouvernance dans lequel cette problématique de l’hyper présidentialisme et de la réforme des institutions devrait être prise en compte de même que celle du chef d’État qui ne doit plus être chef de parti politique. Parce que sans la résolution de ces problèmes, il est fort à craindre que le bout du tunnel ne soit pas pour demain.
SOURCE : TRIBUNE