MANIFESTATIONS DE JUIN AU SENEGAL ET EN FRANCE Une émeute peut en cacher une autre

MANIFESTATIONS DE JUIN AU SENEGAL ET EN FRANCE

Une émeute peut en cacher une autre

Par El Hassane SALL

Le mois de juin a été très chaud aussi bien au Sénégal que chez ses cousins Gaulois où de violentes manifestations ont secoué ces pays. Si au Sénégal ces violences ont entrainé beaucoup de morts, 16 selon les chiffres officiels, 23 d’après Amnesty International et des dégâts matériels importants ; en France par contre il a fallu qu’il y ait un seul mort pour que le pays bascule dans des violences inouïes avec à la clé des saccages de biens publics qui ont paralysé le fonctionnement du pays. Mais ce qui est à saluer chez nos cousins gaulois, c’est leur détermination affichée à élucider la mort du jeune Nahel tué par un policier. Après la mort de ce jeune,   le procureur de la République de Nanterre  Pascal Prache, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du tir qui a conduit à la mort de Nahel, mardi matin, lors d’un contrôle routier.  Le parquet a demandé jeudi la mise en examen du policier tireur pour homicide volontaire et requis son placement en détention provisoire. « La présentation devant les magistrats instructeurs est en cours », explique le procureur, pour qui « les conditions légales d’usage de l’arme » lors du contrôle routier ayant conduit à la mort de Nahel n’étaient « pas réunies ». Malheureusement cela n’est pas le cas chez nous où malgré les morts constatées durant les manifestations de mars 2021 et de juin 2023, il n’y a eu aucun coupable. Pourtant Amnesty International avait fait un rapport dans lequel il avait déclaré que la majeure partie des manifestants avaient été abattu par les balles des Fds et exigé que justice se fasse. Mais à ce jour aucune enquête encore moins une arrestation n’a été notée. Pourtant l’Etat avait promis une enquête indépendante pour faire la lumière sur les morts. En lieu et place on parle de forces occultes et autres infiltrés qui seraient à l’origine de ces tueries. En France les émeutes ont été pires, mais il n y a eu ni forces occultes, ni infiltrés encore moins des terroristes, mais une enquête sérieuse pour situer les responsabilités. Mais quoi qu’il en soit il est temps que les gouvernants soient plus à l’écoute de leur peuple en essayant du mieux qu’ils peuvent de réduire les injustices et inégalités sociales qui souvent sont à l’origine de ces déferlements de colère et de violence.Aussi bien au Sénégal qu’en France, c’est un sentiment d’injustice qui a mis le feu aux poudres. Pourtant après les émeutes du mois de mars 2021, le président Sall avait déclaré aux jeunes qu’il les avait compris. Mais a-t-il entendu leur message ? Comme le faisait remarquer Martin Luther King dans un mémorable discours tenu en 1967:« Permettez-moi de dire comme je l’ai toujours dit ; et comme je à le dire, que les émeutes sont socialement destructrices et qu’elles vont à l’encontre du but recherché. Mais en dernière analyse, une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus. Et qu’est-ce que l’Amérique n’a pas entendu ? Elle n’a pas entendu que le sort des noirs pauvres s’est aggravé au cours des dernières. Elle n’a pas entendu que les promesses de liberté et de justice n’ont pas été tenues. Et elle n’a pas entendu que de larges pans de la société blanche sont plus préoccupés par la tranquillité et le statu quo que par la justice, l’égalité et l’humanité. Ainsi dans un sens réel, les étés d’émeute de notre pays sont causés par les hivers d’atermoiements de notre pays. Et tant que l’Amérique repoussera à plus tard la justice, nous nous retrouverons dans une situation où ces violences et ces émeutes se reproduiront encore et encore.» A méditer