MAIN TENDUE DU PRESIDENT SALL Volonté d’apaisement ou une entourloupe de plus ?
Dans son discours du 3 avril, Macky Sall s’est dit « ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale. » Seulement cette ouverture au dialogue, traduit-elle une volonté d’apaisement ou est-elle un « njucc njacc » de plus. Une question qui mérite réponse car le constat est que toutes les décisions issues des dialogues précédents n’ont reflété au final que les points de vue du président Sall ou de son camp.
Par El Hassane SALL
L’appel au dialogue du président Sall le 3 avril dernier entre-t-il dans le cadre de l’apaisement de la situation politique qui se raidit de jour en jour ou est-il une entourloupe de plus ? Parce que si cet appel était sincère, le président Sall qui se dit « ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale » aurait pu profiter de la célébration de notre fête nationale pour élargir tous les prisonniers politiques qui infestent les prisons actuellement. Cela aurait été un grand pas vers le dégel. Mais le constat est que les 11 ans de magistère du président Macky Sall ont montré ses limites à communiquer et à dialoguer. Car toutes les décisions prises à l’occasion du dialogue national ne reflètent que son point de vue ou celui de son camp. La question que l’on peut se poser légitimement dès lors est, est- ce qu’on n’est pas dans un énième appel au dialogue ? Peut-on attendre grand-chose de ce dialogue d’autant que de l’autre côté on semble s’être fait une religion. Et aujourd’hui on peut avancer sans risque de se tromper qu’il n’y aura pas foule aux portes du dialogue. Car chat échaudé craint l’eau froide. Parce que de par le passé l’opposition a été roulée dans la farine par le pouvoir qui profitait de ces concertations pour faire passer les décisions qui arrangeaient son clan. C’est pourquoi d’ailleurs après la tenue du dialogue national le 28 mai 2016 au Palais de la République, l’opposition s’est sentie flouée. Tous les engagements auxquels le président Sall avait souscrit n’ont pas été tenus. S’il est vrai que la nécessité de dialoguer est devenue impérieuse vu tous les périls qui guettent le Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’il se pose un réel problème de confiance entre le pouvoir et son opposition. Seulement les enjeux aujourd’hui sont tellement importants qu’il faudrait faire preuve de dépassement mais aussi ne surtout pas circonscrire ce dialogue entre pouvoir et opposition seulement. Il faudrait au contraire l’élargir à toutes les compétences et tracer une feuille de route qui serait respectée par toutes les parties prenantes. Par conséquent pour faire revenir la confiance qui s’est rétrécie comme peau de chagrin, il faudrait pour que ce dialogue ne soit pas une entourloupe de plus, le formaliser, l’inscrire dans un calendrier qui sera respecté. Et ce dialogue doit surtout porter sur le devenir du Sénégal, bref avoir une vision prospective du Sénégal et des générations futures. Car il est inadmissible que les dirigeants continuent leur pilotage à vue au moment où le Sénégal doit faire son entrée dans le cercle restreint des pays producteurs de pétrole et de gaz. Pour éviter les nombreux travers dans lesquels nombre de pays producteurs ont sombré au point de qualifier cette manne de malédiction, il faut dès à présent mettre en place des mécanismes pour une bonne gestion de ces richesses afin qu’elles profitent aux générations présentes et futures. Car elles n’appartiennent ni aux gouvernants, ni aux multinationales qui les exploitent mais à tout le peuple sénégalais. C’est pourquoi le dialogue doit être un exercice périodique, encadré, qui transcende les contingences politiques, bref qui engage tout le monde. Il faudrait aussi voir les voies et moyens pour faire en sorte que l’Etat puisse faire de ses citoyens des citoyens émergents en respectant son devoir qui est de leur assurer un bien être, éducation de qualité, couverture sanitaire de qualité, la Justice équitable, la sécurité, un service public de qualité etc. Le problème du chômage des jeunes, de même que celui du pillage des ressources halieutiques devenus de vrais bombes sociales doivent être réglés pour de bon. Autant de matières sur lesquelles on pourra dialoguer. Mais pour que ce dialogue soit constructif et bénéfique à tous il faudrait que les ressources de qualités dont le Sénégal regorge soient mises à contribution. C’est ainsi que chacun dans son domaine de prédilection pourra élaborer des recommandations que les dirigeants seront tenus d’appliquer. Pas de recommandations qui seront rangées dans les tiroirs de l’oubli comme celles des Assises sur lesquelles tous les signataires sont assis aujourd’hui pour se partager le gâteau.
SOURCE : TRIBUNE