Guinée : Tragédie au Stade de N’Zérékoré : Entre désolation et appel à la justice

Tragédie au Stade de N’Zérékoré : Entre désolation et appel à la justice
Le dimanche 1er décembre 2024, une tragédie d’une ampleur nationale s’est déroulée au Stade du 3 Avril à N’Zérékoré, en Guinée. Une bousculade meurtrière, survenue lors d’un match organisé en l’honneur du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, a causé la mort de dizaines de supporteurs. Alors que le gouvernement annonce un bilan provisoire de 56 morts, des organisations locales avancent des chiffres bien plus alarmants.
Une gestion contestée et un drame évitable
Selon les témoignages recueillis, la bousculade aurait été déclenchée par des protestations contre des décisions arbitrales, suivies de l’envahissement du terrain. L’intervention des forces de l’ordre, marquée par l’usage de gaz lacrymogènes dans un espace clos, a exacerbé la panique. Des véhicules des autorités, placés aux abords du stade, auraient également entravé les évacuations, aggravant le chaos.
Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) avance un bilan de 300 victimes, tandis que le Collectif des organisations de défense des droits humains de la Guinée forestière parle de 135 morts, dont une majorité d’enfants. Ces chiffres, basés sur des données issues des hôpitaux, des mosquées, des églises et des familles endeuillées, contredisent les chiffres officiels.
Accusations contre la junte
Le Collectif des organisations de défense des droits humains accuse l’Alliance des jeunes leaders de la forêt, avec le soutien financier et technique du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement), d’être responsable de cette tragédie. L’organisation dénonce également l’usage excessif de la force par les autorités et une mauvaise gestion de la sécurité du stade, dont la capacité d’accueil aurait été largement dépassée.
Réactions officielles et menaces
Face à la montée des critiques, le ministre de la Justice, Yaya Kairaba Kaba, a averti contre toute diffusion d’informations “non-vérifiées ou malveillantes” susceptibles de troubler l’ordre public. Il a menacé de sanctions sévères les contrevenants et a promis une enquête pour faire la lumière sur les responsabilités. Parallèlement, le général Mamadi Doumbouya a annoncé la création d’une commission d’enquête pour établir les faits.
Appels à la justice
Les organisations de défense des droits humains réclament des actions immédiates : l’interpellation des organisateurs du tournoi, l’ouverture d’une enquête judiciaire et des poursuites pénales contre les responsables. Elles appellent également les familles des victimes à se constituer en association pour porter plainte, tant au niveau national qu’international.
Un deuil national et des questions en suspens
En signe de recueillement, un deuil national de trois jours a été décrété. Toutefois, ce drame soulève des interrogations sur la responsabilité des autorités dans l’organisation de tels événements, souvent perçus comme un outil de promotion politique. Pour l’heure, les familles endeuillées et les organisations de la société civile demandent justice, alors que la population de N’Zérékoré tente de retrouver calme et cohésion sociale.
Ce drame, qui endeuille des dizaines de familles