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EDITO: Dévisager le monstre, défigurer l’autorité… le talent inné sénégalais du passage à l’acte

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EDITO

Dévisager le monstre, défigurer l’autorité… le talent inné sénégalais du passage à l’acte PMD

Ouf ou Oups c’est selon le côté où l’on se situe pour apprécier l’erreur. D’emblée, je tiens à me réjouir de la libération de mes estimés  frères : j’ai nommé Serigne Saliou GUÈYE et Pape NDIAYE. Ne me satisfaisant qu’à demi de leur libération, je continue à penser que les charges que la justice sénégalaise fait peser sur leurs deux personnes sont injustes, injustifiées et injustifiables. Ni plus, ni moins et toujours ! Le verrou du contrôle judiciaire exercé sur eux ne me tient pas tant à cœur pour dire, comme tout le monde, qu’il en soit ainsi et qu’ils puissent être élargis pour aller fêter Tabaski en famille, à la maison, chez eux. C’est ignorer l’innocence qui ne se négocie pas : plutôt mourir que de leur témoigner qu’ils avaient raison en agissant comme ils ont agi avec iniquité pour les conduire devant le juge avant de se fabriquer des motifs fallacieux et impropres à la consommation pour justifier leur forfait sur….. (la liste n’est pas exhaustive).
Nous voilà en plein dans le sujet au décor déjà campé. À signaler seulement que cette libération qui fait tant jaser chez certains ne passe pas simple pilule à avaler chez moi, quoiqu’il leur est présentée comme un «geste significatif», un «signal fort» des autorités. Que nenni que nenni ! Leurre et illusions supplémentaires à côté de la suspension de diffusion de walftv.
Ce n’est rien d’autre qu’une forfaiture de justice de plus. Et rien d’autre ne devait faire surseoir au Conseil des médias de ce mercredi 21 juin ni renoncer à la journée sans presse de ce vendredi 23 juin.

Sidi Lamine Niasse, un modèle de communicateur, doit se retourner dans sa tombe en voyant ce qui se passe pour sa chaîne télé et ce que subit son groupe : Walfadjr.
À moins de considérer que priver une population entière de son droit constitutionnel à l’information ne gêne personne, a fortiori la semi-liberté accordée à tous ces confrères et consœurs journalistes placés sous contrôle judiciaire (avec obligation de venir émarger tous les premiers vendredis du mois nouveau), ne soit à prendre à la fois comme une nouvelle entrave au libre exercice de sa profession et une obstruction au sacro-saint devoir d’informer (journaliste, chroniqueur, analyste politiste, observateur critique, ou simple pigiste avisé). Ça ne sert à rien, dans ces conditions de lecture interprétative hasardeuse du nouveau code de la presse, d’inventer d’autres motifs fallacieux, sous prétexte d’entendre la voix de la raison et de procéder, après 3 mois de détention illégale (Pape Ndiaye) et 28 jours d’incarcération injustifiée (Serigne Saliou Guèye) à leur élargissement pathétique. Comme pour faire croire à une clémence étatique obtenue sous la poussée de pressions modestes qui auraient agi en faveur de ce fait : leur permettre de fêter la Tabaski chez eux. Vraiment, ou on nous prend pour des bébés hollandais, ou alors on est vraiment des cons, pris pour des cons, et finalement, vraiment cons pour être traités en des cons qui ne sont rien que des cons.
Les autorités judiciaires auront beau mentir des mois durant elles ne pouvaient que décider de leur libération sans condition et se sauver la face en les plaçant tous sous le joug de leur contrôle judiciaire (mot vide de sens). Dès lors, il n’y a là, aucun geste fort à saluer, comme est à saluer la belle victoire des Lions en match amical, hier mardi 20 juin, au Portugal contre la Seleçao, équipe nationale du Brésil. Je ne vois pas un geste louable derrière cette «libération».
Et c’est pourquoi, je ne trouve pas la raison de s’émerveiller de cette libération mi-teinte qui pouvait être immédiate dès le départ, du moment qu’on savait que c’est à ça que tout cela allait aboutir : privation illégale de personne de sa liberté sans permis d’amener. Maintenant, dites nous aussi comment la tutelle du monde de la presse va-t-elle procéder, elle aussi, pour rétablir le signal du groupe Waldjr dans ses droits en dehors de toute décision de justice que la direction du groupe Walfadjri serait disposée et déterminée à motiver, pour toute réparation ? Même au franc symbolique, afin que l’on apprenne à reconnaître ses torts dans ce pays et sur les ondes et dans les journaux. Avec leur libération inopinée, qu’est-ce qui a changé, qu’est-ce qui va changer ? Rien de si important pour qu’on décide de surseoir au conseil de medias de ce mercredi, décidé d’un commun accord pour ne pas dire à l’unanimité, et de respecter le droit à l’information des Sénégalais en renonçant à la journée sans presse de ce vendredi 23 juin, date symbolique en dehors de la journée sans presse de 2005. Des moments importants dans la lutte démocratique du peuple souverain pour la consolidation de ses acquis démocratiques et de ses libertés conquises, sont ainsi vendangés au profit de qui, de quelle cause ? On ne le sait. En tout cas, il ne faut pas mêler les noms de mes deux  frères dans cette décision d’une corporation médiatique à rebrousse poil, préférant caresser du sens des poils une autorité des plus injustes et qui est décriée à l’internationale, pensant pouvoir cacher tous ses atours dehors, et visibles par tous. Au prix de la liberté de sacrifier tout Walfadjri sur l’autel du minimum de satisfecit.
Ceux-la ne sont pas des défenseurs de la cause ; ceux-la se réfugient dans la profession pour en faire un tremplin. Cela se comprend aisément, surtout à quelques encablures de la fête du mouton. Alors questions :
1) Qui d’entre nous aimerait manger la chair de son frère mort ? Vous en auriez horreur n’est-ce pas ?
2) Pourquoi ce qui était impossible il y a juste un jour est rendu possible le lendemain sans jugement ni garantie offerte hors le fait de résider sur le territoire et de ne pas en bouger à l’insu de l’autorité judiciaire ?
3) Comment des voix inaudibles d’acteurs de la presse ignorées ont subitement étaient entendues pour permettre leur élargissement ?
4) Où était une certaine presse arc-en-ciel au moment où un anonyme individu envoyé, coupait sans préavis le signal de Walftv parce que l’État avait souci de masquer ses vilenies que les caméras et les correspondants de Walf sur le terrain tendraient à révéler au grand public ?
5) De quoi a-t-on peur pour ne pas remettre ça, une seconde fois, au menu du jour, le plat favori des journalistes et des professions assimilées que nous sommes : un vendredi noir sans presse ?
Pour être un tant soit peu vulgaire, car en colère, qu’est-ce que ça peut foutre à l’État que des télévisions privées franchissent le Rubicond pour mériter qu’on les écrase par une interdiction ferme d’un mois entier de toutes diffusions d’images ? Dans la mesure où les supports Web du groupe explosent l’audimat numérique, malgré un écran noir qui empêche de voir, ce qui continue d’être fait, de se faire comme travail de groupe, se poursuit par les employés du groupe Walfadjri.
Pour tout vous dire, nous ne sommes pas là pour sauver les meubles à un régime finissant, aux aguets, aux abois, tous crocs dehors. Ni nous voiler la face comme nos souteneurs d’un jour croyant sauver des apparences quand l’opinion, elle-même sensée et convaincue, sait que c’est cuit déjà pour tout le monde hors un dialogue franc et inclusif. Ce à quoi on participe est loin de refléter un dialogue global, a fortiori national, pour que de telles décisions précipitées soient prises et abandonnées aussitôt, sous la contrainte de pourparlers souterrains. Ce qui est arrivé à Walf peut arriver aux patriotes si Sonko tombait dans le panier de ces voix de sirène qui l’appellent à prendre part au dialogue pour décrisper la situation pesante actuelle. Faisons attention : ils veulent nous voir désunis et font tout pour ce faire.
En réalité, c’est à croire qu’au Sénégal les autorités n’ont pas pour coutume d’accorder un minimum de respect à leurs concitoyens, à leurs voisins, à leur presse, à leurs contribuables, à leurs éléments des forces de défense et de sécurité, à leur jeunesse, à leur hiérarchie religieuse, encore moins aux automobilistes et transporteurs. Ça, on le sait pour oser dire que cette affaire de Pape Ndiaye et de Saliou Guèye, d’Oustaz Assane Seck et bien d’autres jetés en prison ou placés sous contrôle judiciaire, journalistes ou pas, est loin de connaître un dénouement heureux aussi facilement. Dans la mesure où elle est en instruction, attendons-nous à tout au lieu de baisser précipitamment garde sans crier gare. C’est le summum de la bêtise humaine que de tout relativiser parce que ne se sentant pas concerné, impliqué, atteint, visé, touché, pris pour cible etc.
À mon humble avis, la raison de l’abandon anti démocratique, après avis partagés sur la question, validation et date retenue, c’est qu’une journée sans presse risquait d’exposer financièrement d’autres médias au bord de l’asphyxie. Il ne s’agit que de la presse compradore, grippe-sous et mange-tout, jugée comme «des défaillants» parmi la multitude qui a embrassé la profession du communiquer vrai pour informer juste. Les Sénégalais qui ne sont pas dupes, les considèrent comme des propagandistes à la solde de leur paroisse où Cassandre n’a pas bonne presse… les érudits comprendront. Mais ce qui est sûr, en ce 21ème jours sans signal pour Walf Tv, il y a une raison plus que suffisante à maintenir la journée sans presse et/ou au moins le conseil des médias de ce 21 juin renvoyé aux calendes grecques. Mais par qui, au sein de cette CAP ? Il faut oser le dire, c’est normal : ici chez nous, au Sénégal, la presse officielle est muselée, les groupes privés de presse sont frappés d’affliction. Quant à dire qu’il y a lieu de se satisfaire de cette libération de mes deux grand frères, sans se gausser de cette interdiction qui frappe une télé respectable et respectée, c’est nous faire prendre des vessies pour des lanternes en notre sein et c’est ce qui est plus que grave, car cela sous-tend à présenter les autorités sous leur meilleure image. Or il n’en est rien. C’est distribuer des sucettes à des incrédules là où l’autorité se renforce en faisant mâcher du piment à ses sbires. Et c’est prêter le flanc à l’opposition qui verrait dans cette décision une volonté inavouée de briser l’élan national né, et la dynamique contestataire créée à juste raison. Sous des facettes différentes, on chercherait à enrober la vérité dans la robe du mensonge. Cette colère publique n’est pas seulement liée à Ousmane Sonko ni au mécontentement social généralisé ; elle serait la suite logique d’une profonde introspection sur 63 ans d’indépendance factice passée accord de coopération avec l’ancien colonisateur. C’est ce que ne cessent de nous démontrer les autorités sénégalaises à tous les niveaux de responsabilité. Ça paraît immonde de revivre comme Sonko ce que nos guides religieux célèbres ont vécu avec le colon blanc aux 17e, 18e, 19e et 20e siècles scènes révisées au 21e siècle avec ceux qui se réclament bien de nous à titre légitime de Sénégalais. C’est le comble !
En conclusion, on dira – je dis – que :
– On ne peut pas couper un signal durant tout ce temps sur des prétextes fallacieux et vouloir nous demander de faire comme si de rien n’était, on n’a rien vu, « circulez, il n’y a rien à voir ».
– La fête de la Tabaski est certes un moment intense de communion et une période de bonnes affaires pour les commerçants, avec des publicités d’annonceurs qui pleuvent pour les médias, leur permettant de contribuer à boucher des trous et redonner souffle et vie aux supports médiatiques. Dans ces conditions et ce contexte précis, priver une télévision d’émettre c’est attenter à ses obligations mentionnées dans le cahier de charges que cet organe de diffusion média a souscrite pour obtenir une autorisation de diffuser.
En définitive, à moins de dix jours de cette fête musulmane, voilà Waldjri aux avants postes du combat, pendant qu’on nous tient 10 jours durant des gasconnades, des hâbleries, des tarasconnades, des fanfaronnades à des rodomontades, pour nous parler d’une éventuelle levée de sanction. C’est du grand n’importe quoi ! Absolument déformant !l


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