DEMOCRATIE- REPUBLIQUE-ETAT DE DROIT … De quoi ces concepts sont-ils le nom au Sénégal ?
DEMOCRATIE- REPUBLIQUE-ETAT DE DROIT …
De quoi ces concepts sont-ils le nom au Sénégal ?
Démocratie, état de droit, république… De quoi ces concepts sont-ils le nom au Sénégal ? Une question qui mérite réponse parce qu’au Sénégal il semble que ces concepts sont galvaudés car telsqu’ils sont définis et tels qu’ils sont pratiqués dansce pays, le fossé est abyssal.
Par El Hassane SALL
Démocratie, état de droit, république… De quoi ces concepts sont-ils le nom au Sénégal ? Une question qui mérite réponse parce qu’au Sénégal il semble que ces concepts sont galvaudés car tels qu’ils sont définis et tels qu’ils sont pratiqués le fossé est abyssal. Et nul doute que si ces concepts étaient respectés et pratiqués tels quels, nul doute que le pays ne connaitrait pas de crise politique qui menacerait sa paix et sa stabilité. Comme pour dire que donner un sens à ces mots nous aurait guéri de nos maux. Maux qui sont impunité, instrumentalisation de la justice, détournements impunis de l’argent public etc. Malheureusement dans ce pays on répète ces concepts à l’envi mais dans la réalité il semble qu’il y a deux sortes de citoyens. Alors que dans une vraie démocratie, dans une vraie république, dans un vrai pays de droit, le b.a.-ba, c’est quand même que la loi s’applique à tout le monde et personne n’est hors de sa portée. Peut-on en dire autant en ce qui concerne le Sénégal ? Que nenni, ici à Sunugal, le traitement qui est le vôtre devant la justice, détermine votre appartenance à telle ou telle catégorie de citoyens. Catégorie ? oui, car selon votre proximité avec le pouvoir, vous êtes un intouchable ou un orphelin de la Justice. « Kumba am ndèye ak Kumba amoul ndèye », c’est aujourd’hui la réalité qui dépasse le conte ! Dans une vraie démocratie, « les représentants et gouvernants, ainsi que tout agent public élu par décision populaire, doivent rendre des comptes et être régulés par des mécanismes de contrôle, pour éviter les abus de pouvoir ». En plus, « toutes les personnes doivent avoir les mêmes opportunités, devoirs et droits. » L’un des principes de la démocratie consiste en la séparation et l’indépendance des pouvoirs publics (exécutif, législatif et judiciaire). En résumé, la démocratie c’est « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. » Mais sous nos cieux, ilsemble que la démocratie c’est le gouvernement des chefs par les chefs et pour les chefs. Sinon comment comprendre le fait que le peuple dont on dit qu’il est souverain est toujours exclu des grandes décisions, ses préoccupations toujours reléguées au second plan ? Tous les citoyens sont égaux devant la loi, il ne peut pas y avoir, dans notre pays, un citoyen sénégalais qui soit hors de portée de la loi, parce qu’il a un statut différent de celui des autres, force doit rester à la loi etc. aiment dire et répéter les tenants du régime. De quelle loi sommes-nous tentés de demander ? De celle qui permet au président demettre son coude sur des dossiers ou celle qui ne lui permet pas poursuivre quelqu’un au risque de plonger le pays dans le chaos ? Ou encore de la loi qui veut que les opposants, activistes, journalistes et autres mal pensants soient des criminels et que ceux du pouvoir soient propres même s’ils sont députés fauxmonnayeurs, ou encore théoriciens d’assassinat ou des ministres et directeurs épinglés par des corps de contrôle pour détournement supposés dont le dernier concernant les fonds Covid mais qui se pavanent tranquillement etc. ? Pourtant l’‘État de droit est un concept qui suppose « la prééminence, dans un État, du droit sur le pouvoir politique, ainsi que le respect de chacun, gouvernants et gouvernés, de la loi. »Justement, c’est parce que l’Etat de droit était souvent foulé au pied sous les libéraux que le président Sall avait, après son accession au pouvoir déclaré que sa première mission n’était pas de construire infrastructures mais de construire un étatde droit. « L’État de droit on ne va pas l’apprécier de façon matérielle, ce sont des valeurs, des principes, l’égalité des personnes devant la loi, c’est la lutte farouche contre la corruption et le népotisme, c’est de faire du travail un dogme. » Qu’est-il advenu de cet État de droit tant promis et tant chanté ? Peut-on en toute honnêteté dire aujourd’hui, au vu de tout ce qui se passe avec le pouvoir Apr, que les citoyens sont égaux devant la loi ou encore que les actes du pouvoir sont adossés sur des valeurs et des principes ? Quant à la république, elle est censée être « la chose publique » « un mode d’organisation d’un pays dans lequel le pouvoir est exercé par des représentants de la population, généralement élus, et où le chef d’État n’est pas héréditaire et n’est pas le seul à détenir le pouvoir. Une république est le contraire d’une monarchie héréditaire. » Pourtant le constat dans ce pays aujourd’hui est que le présidentSall concentre tous les pouvoirs entre ses mains et les manipule à sa guise et gare à celui qui va à l’encontre de ses désirs. Le bâton judiciaire pour les insoumis et la carotte pour les dociles, telle semble être sa méthode de gouvernance. Il peut même éliminer ses adversaires gênants sans que personne ne trouve à dire. On a vraiment du mal à croire que c’est lui-même qui, fustigeait les pouvoirs exorbitants du président de la République en affirmant qu’il fallait un « équilibre » entre les pouvoirs avant de reconnaître « lorsque toutes les institutions s’effondrent devant une seule qui fait et défait selon son bon vouloir, nous ne sommes plus en République, nous ne sommes plus en démocratie. » Non sans alerter « aujourd’hui, c’est le plus grand danger qui guette le Sénégal, qui mine jusqu’à l’existence de sa République si on laisse faire. » Ne s’arrêtant pas en si bon chemin Macky Sall de renchérir « la démocratie suppose la bonne gouvernance, la démocratie suppose l’équilibre entre les pouvoirs. » Présidant la2-ème édition de la Journée nationale des institutions le 23 décembre 2014, le chef de l’Etat disait ceci « je m’engage à garantir le fonctionnement optimal des institutions au bénéfice des populations. Célébrer les institutions, c’est exalter le civisme », avait poursuivi Macky Sall. Non sans ajouter « les Sénégalais ont un problème de rapport à la chose publique, avait-il souligné avant de relever qu’il ne faut pas qu’une minorité s’accapare des biens publics au détriment de la majorité. »Pourtant une minorité continue d’accaparer des biens publics et malgré tous les scandales qui jalonnent le régime Apr, aucun acte tendant à mettre le holà n’a, à ce jour été posé. Aujourd’hui, la question existentielle qui taraude les Sénégalais est, « manger ou ne pas manger ». Après deux alternances réussies, le peuple doit penser à chercher une alternative crédible parce qu’à ce rythme, tout devient possible car tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse !
SOURCE : TRIBUNE