...

Opinions Libres

La voix du peuple

236 vues

ARRESTATION DE JOURNALISTES ET DE MEMBRES DE LA SOCIETE CIVILE Quand le pouvoir démantèle les piliers de la démocratie

Partagez sur facebook

ARRESTATION DE JOURNALISTES ET DE MEMBRES DE LA SOCIETE CIVILE

Quand le pouvoir démantèle les piliers de la démocratie

Depuis quelque temps, la démocratie sénégalaise vit des heures sombres de son histoire. Des arrestations sont opérées sur des journalistes dont la dernière est celle de Serigne Saliou Guèye, et sur des membres de la société civile et autres activistes. C’est comme si le pouvoir actuel, obstiné par son désir de pérenniser son règne, était décidé à démanteler tous les piliers de la démocratie en coffrant, en muselant et en intimidant les « mal pensants » qui tentent de se dresser sur le chemin qui mène vers le troisième mandat ou second quinquennat.
Par El Hassane SALL

« Les tentatives de faire taire les journalistes sont de plus en plus audacieuses, qu’il s’agisse d’agressions verbales, de surveillance en ligne ou de harcèlement juridique, des actes commis notamment contre des femmes journalistes », avait déclaré le Secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres lors du 15 eme anniversaire de la journée internationale de la démocratie. Ajoutant au passage : « sans liberté de la presse, la démocratie ne peut survivre. Sans liberté d’expression, il n’y a pas de liberté tout court. » Ces propos du SG de l’Onu semblent s’adresser au Sénégal où l’on a constaté depuis quelque temps à l’arrestation de journalistes dont la dernière en date est celle de Serigne Saliou Gueye. Avant Serigne Saliou, il y a eu Pape Alé Niang, Babacar Touré qui sont aujourd’hui libres mais sous contrôle judiciaire, Pape Ndiaye qui continue de subir les rigueurs de la détention et Maty Sarr Niang. Seulement cette vague d’arrestation ne se limite pas aux journalistes, elle s’est étendue aux membres de la société civile et autres activistes. Ce qui ressemble fort à une « tentative d’assassinat » de la démocratie, étant entendu que « sans liberté de la presse, la démocratie ne peut survivre. Hasard ou coïncidence ? Ces détenus ont le chef d’accusation commun qui est de s’opposer à une troisième candidature du président Macky Sall. Et pour un régime qui cherche vaille que vaille à faire taire des esprits « mal-pensants » ce ne sont pas les textes de loi qui lui manquent, qui plus est, dans un pays où les lois sont taillables et interprétables par un tailleur haute couture. Et le cas le plus illustratif reste celui de Serigne Saliou Guèye accusé aujourd’hui d’usurpation de fonction alors qu’il a exercé plus de deux décennies durant le métier de journalisme et formé nombre de journalistes. Il s’est vu collé ce chef d’accusation d’usurpation de fonction pour n’avoir pas encore en sa possession sa carte nationale de presse. D’ailleurs aujourd’hui les arrestations sont telles que la plateforme F24 a sorti un communiqué pour les dénoncer. Dans ledit document, elle dit stop « aux abus dans les arrestations d’honnêtes citoyens », en cette période de tensions que traverse le Sénégal. « Malgré les appels à la paix, à la décrispation et à la désescalade, les autorités persistent et continuent d’édicter des mesures qui peuvent être assimilées à une traque des activistes, des opposants et des journalistes pour des prises de position fondées sur la liberté d’expression. Une bonne partie des personnes poursuivies le sont pour des délits d’opinion. Ce climat de terreur entretenu est de plus en plus en contradiction avec les principes de l’Etat de droit et contribue à exacerber le climat social déjà tendu », lit-on dans le communiqué. Actuellement le triste constat est que le Sénégal perd petit à petit ses acquis démocratiques et la manière dont le pays est géré, avec ces arrestations tous azimuts, donne l’impression d’une dictature en marche.
Malgré tout, les tenants du pouvoir ne cessent de répéter à l’envi que le Sénégal est un pays de démocratie, alors que les faits sont têtus et si ce n’est pas une dictature, ça y ressemble fort. Parce que l’une des caractéristiques de la dictature est qu’elle est « un modèle de gouvernement dans lequel tout le pouvoir appartient à un individu ou à une élite. Les régimes dictatoriaux partagent certaines caractéristiques des régimes totalitaires. Pour mieux s’en rendre compte, il suffit de voir les principales caractéristiques des dictatures. Il y a entre autres, « une absence de séparation de pouvoir, une concentration des pouvoirs aux mains d’une élite, un non-respect de la loi. Les décisions dans les régimes dictatoriaux sont prises de manière arbitraire, ignorant ouvertement le cadre juridique et le principe de la séparation des pouvoirs. Le dictateur ou l’élite dirigeante agit dos à la loi ou adopte des lois accommodantes pour se perpétuer au pouvoir. Dans un régime dictatorial, il n’y a pas d’État de droit, c’est-à-dire le respect du principe selon lequel tous les sujets de la nation, y compris l’élite dirigeante, sont égaux devant la loi et doivent y répondre. » Une autre caractéristique est le contrôle et la censure des médias. Dans les régimes dictatoriaux, le gouvernement exerce un contrôle et une censure sur les médias, ce qui implique la suppression de la liberté d’opinion et de la presse. Une autre reste la censure des partis politiques. Dans les régimes dictatoriaux, les partis politiques sont considérés comme des menaces, car ce sont des formes d’organisation et de représentation populaire. Par conséquent, les partis sont souvent interdits et exercent clandestinement leurs activités. Dans les régimes hybrides, les partis ne sont pas interdits, mais ils sont persécutés et intimidés. La répression de l’opposition est une autre caractéristique. Car, pour rester au pouvoir, les régimes dictatoriaux censurent toutes les formes d’opposition et perçoivent toute critique comme une menace à leur continuité. Aussi un régime qui est dans les dispositions de confisquer le pouvoir pour pérenniser son règne ne peut que recourir à des méthodes dictatoriales, l’essentiel étant pour lui que la fin justifie les moyens. Et à y regarder de près, les journalistes, les membres de la société civile et autres activistes ne sont ni belliqueux encore moins des ennemis du Sénégal, c’est simplement parce qu’ils sont dans leur rôle, ils veulent que les choses changent avec à la clé un Sénégal plus juste, moins inégalitaire et plus solidaire. Parce que le monde avance et les Sénégalais sont fatigués d’être à la traîne, de se contenter de miettes alors que si les richesses et les ressources du pays étaient gérées de façon équitable et transparente avec à la clé une gestion sobre et vertueuse, il n’y aurait pas matière à colère. Donc aujourd’hui si le président Sall a vraiment le « Sénégal au cœur », ce qui lui reste à faire, c’est de mettre le Sénégal à l’abri d’éventuels troubles, c’est à dire terminer son mandat dans les conditions les meilleures, et ne pas écouter ses thuriféraires et autres flagorneurs, qui enivrés par les effluves grisants du pouvoir veulent le pousser à tenter de briguer un troisième mandat ou second quinquennat passé de mode et lourd de conséquences.
SOURCE : TRIBUNE


Partagez sur facebook

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Seraphinite AcceleratorBannerText_Seraphinite Accelerator
Turns on site high speed to be attractive for people and search engines.