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APPEL AU DIALOGUE DE MACKY RUSE OU SINCERITE ?

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Après l’appel au dialogue du président Sall, les avis sont partagés au sein de l’opposition. Si certains estiment devoir aller répondre, d’autres ont opposé une fin de non-recevoir à cette main tendue du président Sall. Mais quels que soient les arguments des uns et des autres, il convient de reconnaitre aujourd’hui que la situation politique est délétère et seul un dialogue franc et sincère pourrait apaiser la tension. Seulement ce dialogue ne doit pas être un moyen d’entériner des « deals » mais une opportunité pour mettre en place des mécanismes pour l’approfondissement des acquis démocratiques engrangés sous Diouf et Wade.
Par El Hassane SALL
« Si le dialogue tourne sur l’intérêt de la Cité cela vaut la peine, mais si c’est pour des besoins partisans et individuels, ce n’est pas du dialogue, c’est du moussanté (un jeu de dupes) », avait-déclaré l’Archevêque de Dakar lors du dialogue initié par le président Sall en 2016. Malheureusement, en entendant l’appel lancé par le président Sall le jour de la Korité, on a comme l’impression qu’on s’achemine « vers du moussanté » parce que ce dialogue risque de satisfaire des intérêts partisans et individuels et non les intérêts de la Cité. Du moins ces propos du président Sall le laissent penser « rien ne m’oblige à dialoguer… Si je le fais, c’est pour redonner à certains la possibilité de redevenir éligible. Si on ne dialogue pas, ils auront beau dire, mais ils ne seront pas candidats. Ce dialogue est dans leur intérêt… Beaucoup de sujets seront discutés, notamment le parrainage, l’éligibilité. Khalifa Sall attend l’amnistie, Karim Wade lui, demande une révision de son procès. Cela ne sera possible qu’à travers le dialogue ». Où est l’intérêt de la cité dans tout ça?
Pourtant ce qui intéresse le plus aujourd’hui les populations, c’est l’approfondissement des acquis démocratiques engrangés mais surtout la paix et la stabilité, sans quoi rien ne peut se faire. Et aujourd’hui tout le monde convient du fait que si le climat social est aussi tendu, c’est à cause de la volonté réelle ou supposée prêtée au président Sall de vouloir briguer un troisième mandat. Et nul n’ignore que le troisième mandat est source de trouble. D’ailleurs point n’est besoin de faire un dessin au président Sall, lui qui a été l’un des plus farouches opposants au troisième mandat de Wade. Par conséquent, ce qui est attendu de lui est qu’il écarte toute possibilité de dépasser les deux doses prescrites par la constitution, pour épargner le pays d’une overdose. Car aujourd’hui ses partisans sont en train de théoriser un deuxième quinquennat pour brouiller les esprits alors qu’il n’y a plus matière à interpréter. Comme l’a si bien dit Mamadou Mbodj : « ceux qui soutiennent que la parole du président n’a aucune valeur juridique ainsi que ceux qui disent qu’il faut attendre le conseil constitutionnel font dans la manipulation parce que la loi est très claire et Macky Sall l’a très bien interprétée. »
CEUX QUI SOUTIENNENT QUE LA PAROLE DU PRESIDENT N’A AUCUNE VALEUR JURIDIQUE …

Selon le coordonnateur du F24, « le conseil constitutionnel ne peut pas mieux interpréter que Macky Sall une constitution qu’il a élaborée. » Pour dire que rien ne peut aujourd’hui justifier un troisième mandat si ce n’est le gout prononcé du pouvoir. Etant donné que la constitution a réglé cette question : « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs » de même que le président Sall qui l’avait dit et répété, ainsi que son peuple en 2012 et lors du vote du referendum, il ne doit plus y avoir matière à débattre. Sur le plan démocratique, le Sénégal a toujours été en Afrique un ilot de lumière dans un océan d’obscurantisme, par conséquent nul n’a le droit de le plonger dans les ténèbres pour des intérêts inavoués. Si le pays a connu des alternances en 2000 et 2012, c’est parce que Diouf et Wade, ont su à travers un dialogue franc et sincère, mettre les intérêts du Sénégal au-dessus des intérêts particuliers en posant les jalons d’une transmission démocratique du pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi le Sénégal a toujours été cité en exemple. Et aujourd’hui le président Sall, chantre de la rupture n’a pas le droit de faire moins que ses prédécesseurs. Lui qui avait dit qu’il avait le « Sénégal au cœur » et qu’on ne devait pas l’attendre sur le terrain du troisième mandat, le meilleur témoignage d’amour qu’il peut lui faire, c’est de finir son deuxième mandat et de passer la main en organisant les élections les meilleures qui soient dans l’histoire politique du Sénégal. Car n’oublions pas que pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, un président de la République ne sera pas candidat à sa succession. Donc il peut dialoguer avec son opposition et lui donner tout ce qu’elle réclame en terme de transparence pour une élection ouverte, inclusive ; confier l’organisation de ce scrutin à une personnalité neutre, bulletin unique, rendre le fichier disponible pour tous les candidats etc. Ainsi les électeurs qui sont les meilleurs juges pourront choisir librement ceux en qui ils ont confiance et cela permettra au président Sall de sortir avec les honneurs pour entrer dans l’histoire par la grande porte car il aura fait autant sinon plus que ses devanciers.

SOURCE : TRIBUNE


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