La République est-elle en déliquescence, l’Etat en berne et la Nation prise en otage?
La République est-elle en déliquescence, l’Etat en berne et la Nation prise en otage?
Un tel questionnement ne devrait, en aucun cas, surprendre. Parce que le degré très avancé de l’état de déconstruction et le très fort niveau de déconfiture enregistré au cours des deux décennies au Sénégal installent la Nation dans une incertitude plus évidente qu’une nuit sans aube.
Média, acteurs sociaux de tout genre et hommes de toutes les obédiences s’agitent. Et ne cessent de se mesurer en utilisant, sans éthique, tous les procédés propres à la violence. Pourquoi cette propension à la démesure dans un pays où les ressources principales restaient, jusqu’ici, la mesure et son corollaire qui est, notamment, la distance critique ?
La cruauté des agresseurs et l’intensité du chaos dans lequel le peuple évolue deviennent de plus en plus ahurissantes.
Oui, le chaos s’accentue . Ses effets sont menaçants. Car les besoins de positionnement qui participent, naturellement, du pré combat politique avant l’élection expliquent le propagandisme à outrance qui perturbe l’équilibre républicain.
De jour en jour une évidence continue, devant la montée du péril électoral, de se consolider. Et l’opinion constate que l’Etat n’arrête de gouverner que la campagne électorale au lieu de n’être qu’à la disposition du service public national.
Certains faits contribuent à corroborer le niveau du désordre dans lequel baignent les institutions.
• Une médiatisation au service de la violence
• Un affrontement permanent entre le pouvoir et les acteurs sociaux ou les leaders de base
• L’absence de moralité.
D’ailleurs, un début de reniement citoyen signale le degré très significatif de la déconstruction de la citoyenneté.
Cette periode demeure, sans conteste, celle de la politique bavarde et celle de la bataille froide entre leaders semeurs de stigmatisation et d’intoxication. La politique serait-elle le seul espace où le dénigrement, la calomnie et l’arrogance restent les seules règles ?
Il n’est que temps d’y mettre fin avant que l’escalade du délitement de l’autorité, devenue permanente, ne soit chronique. Car la permanence de la pagaille inquiète, agace et menace l’avenir très malmené. Et, de surcroît, rendu incertain du fait de la confusion des pouvoirs, de la corruption, du népotisme et du diktat induit par l’existence de rentes de situation.
Il est utile, devant les menaces enregistrées de signaler à l’électorat que l’invocation de la représentativité politique est, en quelque sorte, un bluff. Pourquoi ?
L’Alternance 2000 aura totalement réduit, à leur plus simple expression, toutes les formations politiques nationales. Et engendré des coalitions qui ne sont que des boutiques au service de l’électoralisme et non des mouvements politiques capables de conduire des changements. Une telle situation explique, certes, l’impuissance de ces coalitions où la légitimité est exception.
Une nouvelle donne fait que les formations politiques actuelles ne parviennent, guère, à massifier ou à mobiliser. Il s’agit de l’émancipation citoyenne qui l’emporte, maintenant, sur le sentiment militant qui était bâti, essentiellement, sur le subjectivisme, le culte de la personnalité, le populisme et le népotisme.
Notons, enfin, l’intransigeance induite par les exigences citoyennes qui sont nées de la non-résolution de la demande sociale. Elle est devenue persistante devant la fréquence des impasses stratégiques accusées par les politiques nationales sans impact.
Aucune formation politique, au risque de nous tromper, ne saurait brandir la loi de la représentativité. Car presque toutes sont devenues des structures sans militants, sans programme et sans projet politique. Leur fiabilité militante est sujette à caution. La Majorité Présidentielle gouverne le chaos au lieu de le débrouiller. Le contre pouvoir national s’atomise au moment où une nucléarisation demeure, en somme, une priorité.
Comment sortir, en fait, de l’infantilisme et du puérilisme politiques ?
L’impasse et l’insurrection guettent, selon toute vraisemblance, le pays pris en otage par un pessimisme social qui se développe sans arrêt. Tous les acteurs politiques s’agitent et préconisent, à dessein, une déconfiture méthodique de la paix sociale. Menaces et mises en demeure sont devenues, en cette période pré électorale, la méthode mise en action pour gagner en pré positionnement.
Heureusement, l’intelligence citoyenne nationale a gagné en quotient politique. Et chaque Sénégalais se refuse de brûler la Nation que le peuple a construite afin que le Sénégal reste un Etat où des hommes de conviction et d’autorité entendent déployer, sans violence, leur génie.
Wagane FAYE
Professeur d’Anglais
Expert Associé à CARED Afrique
E-mail : ngenbale@hotmail.fr