TRAHISON, COMBINE, FELONIE, RENIEMENT… De quoi la politique est-elle le nom au Sénégal ?
TRAHISON, COMBINE, FELONIE, RENIEMENT…
De quoi la politique est-elle le nom au Sénégal ?
De nos jours, le constat est que les valeurs semblent avoir déserté le champ politique.On est en politique, on est en politique, combien de fois avons-nous entendu ces propos, comme si en politique on pouvait tout se permettre. Alors que dans sa définition étymologique, la politique signifie « l’art de gérer la cité ». Et une gestion doit être avant tout saine. Pour dire que pour qu’une politique soit efficiente avec des résultats concrets, il faut au préalable qu’elle soit adossée à la morale et à la sincérité, bref à des valeurs. Ce qui est loin d’être le cas sous nos cieux où la politique rime avec trahison, combine, félonie, reniement…
Par El Hassane SALL
Telle qu’elle est pratiquée sous nos cieux, la politique nous rappelle étrangement «gaindé lakh ». Gaindé lakh était un homme qui avait l’habitude de courir les baptêmes, (marquer polo comme on dit habituellement) pour se gaver de lakh (sanglé). La particularité de cet homme était qu’il avait la fâcheuse manie d’accaparer à lui seul le bol que les convives devaient se partager. Pour parvenir à ses fins, il attendait que tout le monde s’installe autour de la calebasse pour cracher dedans. Ce qui suscitait le dégoût des convives qui finissaient par lui laisser le lakh, et lui sans gêne se mettait à le dévorer goulûment. Pour dire que nos politiciens de nos jours n’ont aucune gêne, rien ne les retient, pour eux, la (faim ?) fin justifie les moyens. Et comme gaindé lakh, ils font tout pour que les citoyens se détournent de la politique pour leur laisser le champ libre. C’est ce qui explique le fait qu’ils passent tout leur temps à se dédire sans vergogne, en foulant au pied leurs promesses, en reniant leurs engagements sans état d’âme, sans aucune considération pour ceux qu’ils sont censés diriger. Pire ils peuvent se permettre d’adorer ce qu’ils abhorraient hier sans gêneaucune. C’est pourquoi il est courant d’entendre dire que la parole d’un politicien ne vaut pas la peine de chicoter son enfant. Tout simplement parce qu’ils ont tendance à faire table rase de tout ce qui est morale et éthique. C’est pourquoi il est courant d’entendre dire que la politique est sale alors que c’est une activité noble qui devrait être considérée comme un sacerdoce. Mais actuellement les mots qui sont les plus utilisés dans le landerneau politique, c’est deal, trahison, reniement… Car aujourd’hui, la vie politique sénégalaise est rythmée par les trahisons devenues loyauté, la félonie, les reniements, les coups au bas de la ceinture etc. Ce qui est le plus ahurissant dans cette situation est que l’on peut tout se permettre, éliminer un adversaire avec des méthodes déloyales sans que cela ne choque personne car on vous dira qu’on est en politique. On peut aussi trahir un compagnon ou une cause sans état d’âme pour des interets personnels. On dira qu’on est en politique. Comme si en politique on devait se permettre tous les excès et dérives, l’essentiel étant que la fin justifie les moyens. Et ce qui inquiète le plus dans ce Sénégal d’aujourd’hui est le fait que ce sont ceux qui sont censés être des modèles de droiture et de probité qui favorisent la corruption, la concussion, l’irresponsabilité, le clientélisme qu’ils ont fini par ériger en système de gouvernement. En somme une politique où on fait table rase de tout ce qui est morale et éthique. Ruser, encore ruser, toujours ruser semble être la méthode de gouvernance. Rien ne les retient, ce qui leur importe, ce sont les privilèges et les sinécures, encore et toujours. Pourtant ce pays regorge de gens dotés de probité intellectuelle et morale et de compétences dans les différents secteurs de développement. Malheureusement ils ne sont pas valorisés. Comme le dit fort à propos le sociologue Alain Pascal Kaly : « Nous sommes une société qui ne valorise aujourd’hui que la ruse au lieu de l’intelligence et la piété. Or une société composée d’hommes et de femmes rusés est une société dans laquelle l’homme ne pense qu’à l’ici et le maintenant ne pense qu’à trouver sans vergogne des moyens de toujours gagner, de toujours passer devant, de toujours être le premier et le mieux servi, de toujours se servir le mieux du bien collectif et public, de toujours transformer le bien public en bien privé et privatisé. Tout est superficiellement discuté, car nous sommes une société spécialisée aux pactes de l’illégalité sans aucune préoccupation morale, civique et éthique. Nous sommes une société « à fabriquer » des descendances sans scrupules, sans respect de leurs semblables, sans vergogne, sans piété et sans moralité. » Triste, vraiment triste !!!
SOURCE : TRIBUNE