BASCULEMENT DU SENEGAL DANS LA VIOLENCE Comment en est-on arrivé là ?
BASCULEMENT DU SENEGAL DANS LA VIOLENCE
Comment en est-on arrivé là ?
Depuis quelques jours, le Sénégal jadis réputé être un pays de paix et de teranga a basculé dans une violence inouïe avec à la clé des scènes insoutenables. Comment en est-on arrivé là ?
Par El Hassane SALL
Ce qui se passe actuellement dans ce pays ne doit surprendre personne parce que cela était prévisible. Tous les observateurs avertis avaient vu venir. Pourtant malgré les signaux d’alerte lancés par Alioune Tine, rien n’a été fait pour stopper la catastrophe qui se profilait à l’horizon, au contraire il a été voué aux gémonies et traité de tous les noms d’oiseau. Mais actuellement les faits semblent lui donner raison. Et aujourd’hui si l’on veut vraiment éviter l’impasse vers laquelle se dirige le pays et faire revenir la paix, il faut se dire la vérité. Car il ne peut y avoir de paix sans justice. Pour dire que la paix doit pour être durable s’adosser à la vérité et à la justice. Malheureusement dans le verdict dans l’affaire opposant Sonko à Adji Sarr qui a mis le feu aux poudres, il semble que toute la vérité n’a pas été dite. Tout d’abord les tenants du régime disaient à qui voulait l’entendre que cette affaire était privée et qu’elle concernait deux privés. Mais dans la réalité, elle était devenue une affaire d’Etat. Parce que sur les plateaux de télé et dans tous les médias, les tenants du régime essayaient à qui mieux mieux d’enfoncer leur opposant le plus farouche. Donc pendant deux ans le pays été tenu en haleine par cette affaire. Pourtant vu la tournure qu’elle était en train de prendre, ils étaient nombreux ceux qui pensaient qu’elle devait être classée pour plusieurs raisons. Entre autres le certificat médical qui excluait le viol, les incohérences et les contradictions de l’accusatrice dans sa déposition, les audios de Adji Sarr envoyés à son marabout quiconfirmaient la thèse du complot etc.Malheureusement ce qui est constant dans cette affaire est que ce n’était pas la manifestation de la vérité qui était visée, mais bel et bien l’élimination pure et simple d’un farouche opposant politique à la compétition présidentielle. Chat échaudé craignant l’eau froide, à chaque fois que cette affaire a été soulevée, une bonne frange des sénégalais s’est levée pour dire non. Malheureusement dans sa volonté d’avoir la peau de son plus farouche opposant le pouvoir n’a rien voulu comprendre. Tout d’abord il y a eu les douloureux évènements du mois de mars 2021 qui a vu le peuple se dresser pour que le régime recule. Puis après il y a eu les élections locales qui non seulement ont vu les populations élire Ousmane Sonko comme maire malgré les accusations dont il était victime mais aussi voter pour la majeure partie des candidats de sa coalition pour qui il avait battu campagne. Lors des législatives de 2022, malgré l’élimination de la liste des titulaires de la coalition Yewwi, cela ne lui a pas empêché de sillonner tout le pays pour battre campagne pour la liste des suppléants, raflant un nombre de sièges jamais égalé dans l’histoire du Sénégal. Ce qui voulait dire que malgré toutes les accusations dont il était victime, il restait très populaire et qu’à moins d’avoir du béton sur lui, il ne serait pas facile de l’éliminer. Mais aveuglés par les lambris dorés du pouvoir et grisés par ses effluves enivrants, les tenants du pouvoir n’ont pas su décrypter les signaux envoyés. Pourtant une lecture lucide de la situation leur aurait permis de savoir que le feu qui couvait risquer de se muer en brasier si jamais Ousmane Sonko était condamné sans des preuves irréfutables. Mais, malgré l’effondrement de la thèse du viol par manque de preuves, l’opposant a malgré tout été envoyé à la chambre criminelle alors qu’il avait juré sur tous les toits que ce dossier est vide et que personne ne pourrait le condamner pour ça. Le verdict rendu semble lui avoir donné raison car il a été acquitté des accusations de viols et menaces de mort mais condamné à deux ans ferme pour corruption de jeunesse. Suffisant pour mettre le pays sens dessus dessous. Et actuellement nul ne sait comment tout cela va se terminer car la tension reste vive dans le pays.
Aujourd’hui ce qui reste à faire, c’est de sauver le Sénégal avant que la situation ne devienne ingérable. Car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Etant donné que le président Sall avait déclaré qu’il mettrait la patrie avant le parti, il est grand temps qu’il écoute la patrie parce que face à un président qui n’écoute pas son peuple, face à une justice qui n’écoute pas ses justiciables au nom desquels la justice est censée être rendue, face à une assemblée nationale qui n’écoute pas ses mandants, le fossé ne pouvait qu’être béant.Actuellement la situation est grave mais elle est loin d’être désespérée. Aussi nul doute que si le président Sall prend les mesures qui siéent, la paix sera restaurée. Comme il l’avaitlui-même dit en 2018, il est attendu qu’il déclare à son peuple sa non candidature en 2024, qu’il organise des élections inclusives dont il sera l’arbitre. Surtout ne pas écouter ces théoriciens du quinquennat qui ne sont mus que par leurs intérêts. Ces décisions auront le mérite de faire revenir la paix et le Sénégal vaut tous les sacrifices. Aujourd’hui une lourde responsabilité pèse sur ses épaules car les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis, son ministre de l’Intérieur parle de forces occultes qui auraient infiltré les manifestants, d’autres soutiennent qu’en tant que futur pays exploitant de pétrole et de gaz, le Sénégal est très convoité par des requins qui veulent faire main basse sur ses richesses. Etant donné que ces gens ne peuvent accomplir leur dessein que dans des pays instables, il convient donc de fermer toutes les brèches afin qu’ils n’aient pas où passer. C’est pourquoi il est temps pour l’intérêt supérieur de la nation de faire preuve de grandeur en trouvant les solutions capables de faire revenir les uns et les autres à la raison pour éviter que le Sénégal ne brule et ne soit bientôt que cendres sur lesquelles les générations de dépaysés n’auront plus qu’à pleurer.
SOURCE : TRIBUNE