Macky réussira-t-il là où Wade a échoué ?
TROISIEME MANDAT
Macky réussira-t-il là où Wade a échoué ?
Même si à ce jour le président Sall n’a pas encore clairement dit qu’il briguerait un troisième mandat, tous les actes qu’il pose au quotidien le laissent croire. Seulement la question qui s’impose est de savoir si jamais il décidait de sauter le pas, pourra-t-il réussir là où son maitre a échoué ?
Par El Hassane SALL
Concernant le 3 eme mandat, le président Sall commence à se dévoiler. Même s’il n’a pas encore clairement déclaré qu’il briguerait un troisième mandat, tous les actes qu’il pose au quotidien le laissent croire, de son ni oui ni non en passant par sa déclaration selon laquelle il ne poserait pas un acte antidémocratique ou anticonstitutionnel, sans compter la fameuse théorie du deuxième quinquennat que ses partisans claironnent à tout va. Il vient aujourd’hui de lever un coin du voile en soutenant que selon le Conseil Constitutionnel son « premier mandat était intangible et qu’il était hors de portée de la réforme » qui a conduit en 2016 au passage du mandat présidentiel à 5 ans. Aussi, estime-t-il que la « question juridique est réglée ». En d’autres termes, l’exercice d’un 3ème mandat serait tout à fait légal. Même si c’est légal, Macky Sall ne doit pas candidater car lui-même avait, considérant les évènements malheureux survenus à la veille de la présidentielle avec la mort de Mamadou Diop et d’autres personnes, déclaré à son peuple qu’une fois au manettes, ce problème de troisième mandat ne se poserait plus dans l’histoire du Sénégal. C’est pourquoi avait-il promis de sécuriser les deux mandats si les Sénégalais lui faisaient confiance. Elu, il avait dit qu’il avait verrouillé la Constitution, organisé un referendum en 2016, dit et redit en 2018, que 2019 serait son dernier mandat et qu’il en aurait fini s’il était réélu. Donc si la polémique revient de plus belle aujourd’hui, à une dizaine de mois de la fin de son mandat, c’est parce que, quelque part le peuple a été berné. Car son tailleur Constitutionnel haute couture avait déclaré avec fermeté à ses compatriotes que « la question du troisième mandat ne se posera plus dans l’histoire du Sénégal. La Constitution ne laisse place à aucune interprétation: nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », avait-il répété à 3 reprises. Donc dans ces moments d’incertitude et de crainte que traverse le pays, il vaut mieux, même s’il est toujours le maitre du « je » qu’il respecte les deux doses prescrites par la Constitution pour épargner le pays d’une overdose. Ne serait-ce d’ailleurs que pour une question d’éthique comme il le disait lui-même. « Nous pouvons faire de la politique en étant éthique, en vivant des valeurs de dignité et en respectant sa parole. Parce que pourquoi voulez-vous que la politique soit un milieu où il n’y aurait pas d’éthique, on dit, on se dédit. Finalement comment voulez-vous qu’on vous fasse confiance » ? avait demandé le président Sall, avant de tonner : «la politique, c’est le respect de la parole donnée, sinon ce n’est pas la peine. » Mais l’amer constat est qu’aujourd’hui, pour rester à la tête de ce pays, le président Sall ne cesse de renier ses engagements vis-à-vis de son peuple. En essayant de briguer un troisième mandat dont lui-même disait, urbi et orbi, qu’il n’y avait pas droit, il est en train de semer les germes d’une explosion populaire tout simplement parce que les Sénégalais ont montré leur aversion pour le troisième mandat depuis 2012. Si les Sénégalais avaient fini par congédier Wade ce n’est pas faute de bilan mais une question de principe. Et d’ailleurs la question qui s’impose est de savoir qu’est ce qui a changé entre 2012 et aujourd’hui pour qu’il caresse le secret rêve de gouter au fruit défendu ? Parce que le candidat Sall a été l’un des plus farouches opposants à un troisième mandat de Wade. Et il suffit seulement de consulter les Var pour se rendre compte de sa détermination à lui barrer la route. Que n’a-t-il pas dit d’ailleurs sur cette question ? : « Si vous persistez à vous présenter il vous arrivera ce qu’il arrivera à un dictateur. Il faut défendre la rue, la République et la constitution. Nous sommes prêts à payer le prix qu’il faut. Avait-il lancé à son maitre. Donc pourquoi aujourd’hui veut-il faire avaler à ses compatriotes ce qu’il avait combattu avec acharnement hier pour qu’ils le vomissent? En tout cas une chose est au moins sure, s’il décide franchir le Rubicon, cela pourrait être préjudiciable pour la paix sociale selon Thierno Alassane Sall qui considère qu’en exhibant « un soi-disant quitus du Conseil constitutionnel », le Chef de l’Etat « jette de l’huile sur le feu » dans un Sénégal au « summum des tensions politiques ». Le député constate que « Macky Sall poursuit la désacralisation des institutions » et prédit le pire : « Ne pas respecter la volonté populaire, c’est mener le pays vers les enfers. » Mais quelle que soit la stratégie, la ruse ou le « njucc njacc » qu’il emploiera pour arriver à ses fins, le dernier mot reviendra toujours au peuple. Pour mémoire, en 2O12 quand après avoir déclaré qu’il avait verrouillé la constitution à deux, Wade a voulu resquiller avec son fameux « wax waxete » avant d’être assommé par le gourdin électoral du peuple. Macky Sall réussira-t-il à passer là où Wade a lourdement chuté ? Affaire à suivre…