Drames de Sikilo et de Sakal/ Fesnac de Kaffrine: La République danse sur les « tombes» des victimes des accidents
L’Etat se montre insouciant et insensible à la douleur des personnes disparues dans les accidents tragiques entre Kaffrine et Sakal. Plusieurs morts et des blessés graves enregistrés. Mais, l’Etat à travers son démembrement en chage de la culture a bien dérouler son festival de la Culture (Fesnac) à Kaffrine. Alors que cette localité est frappée récemment par un accident le plus macabre de l’histoire du pays. Quelques jours, la liste des victimes d’accident s’alourdit avec un autre drame à Sakal. Tragique, les pays non encore guéri bute sur le folklore fade, insipide et insouciant d’un Etat férus des sensations fortes…
La République danse sur «la tombe» des victimes de sikilo et sakala. Le 11e Festival national des arts et de la culture (FESNAC) qui s’est déroulé du 21 au 28 janvier 2023 à Kaffrine est mal perçu. Les populations déplorent la tenue de cet évènement à moins d’une dizaine de jours de la célébration des 40eme jours de deuil. Anormal, disent certains d’organiser sur l’une des terres, ayant enregistré plus de 40 victimes dans un accident tragique. En plus de cela, s’ajoute le drame de Sakal avec ses 22 morts et de multiples blessés graves. Le pays entier est en train de vivre dans la tristesse et l’angoisse totale.
Le ministère de la culture et du patrimoine historique a fêté aux rythmes des chants et danses le FESNAC avec le maire de la commune de Kaffrine, , terre de «l’hécatombe nationale». Abdoulaye Seydou Sow, désigné comme parrain de la 11è édition semble ne pas comprendre l’ampleur de ce drame. Aujourd’hui, cette ville frappée dramatiquement est le lieu de convergence par excellence des danseurs, venus des 10 régions du Sénégal. Dans le cadre de ces festivités, ces derniers sont en train de sautiller sur la terre meurtrie de Kaffrine. Ce qui veut tout simplement dire qu’ils dérangent avec insouciance le sommeil des morts par accident de la route.
D’ailleurs, les populations meurtries se demandent depuis quand la culture sénégalaise permet de danser sur le malheur des autres. Au même moment, d’autres trouvant que c’est très gauche, maladroit, provocateur, s’indignent d’une intelligence culturelle de ces autorités. D’après eux, l’Etat devrait beaucoup plus penser à chercher la vérité scientifique ou anthropologique des accidents. Présentement, souligne-t-on, les populations attendaient plus des séances de prières pour le repos tranquille des morts et un prompt rétablissement des blessés graves. Même si, cet événement était déjà, programmé dans le calendrier des activités culturelles à dérouler, certaines personnes indiquent qu’il devrait être reporté à un moment beaucoup plus propice afin de panser les blessures et plaies des populations.
Dr. Abdou Khadre Sanogo, sociologue: « Le déroulement des événement du Fesnac donne un caractérisant de festin »
Dr. Abdou Khadre Sanogo, sociologue, regrette la tenue du 11e Festival national des arts et de la culture (FESNAC). Ces festivités semblent montrer l’insouciance des autorités étatiques face aux drames de Sikilo et de Sakal. Elles donnent l’impression, constate-t-on, que la République danse sur «la tombe» des victimes. Dr. Sanogo, accroché par le Temoin trouve que c’est très maladroit de tenir aujourd’hui, ce festival. D’après le sociologue, les populations attendaient plus des séances de prières pour le repos tranquille des morts et un prompt rétablissement des blessés graves.
Le sociologue, Pr Sanogo considère que dans cet endroit précis, le déroulement des événement semble avoir un caractérisant de festin. « Des populations qui portent un deuil de moins d’un mois, il me paraît incongrue d’organiser le Fesnac dans cette zone-là. En principe, il devrait y avoir un travail préalable de concertation avec les populations. Et, il y a un principe irréfutable qui pose l’idée selon laquelle, tout ce qu’on fait pour moi, sans moi, est fait contre moi. Si on n’avait interpellé les populations, je ne suis pas sûre qu’ils soient d’accord qu’on puisse faire ce choix là. Il est vrai que ça relève d’une décision étatique et que l’Etat détient le monopole de l’autorité. Aujourd’hui il y’a des réalités qui voudraient qu’en période de deuil, qu’on puisse permettre à ceux qui le vivent et le ressentent libre cours à leur souffrance un bon bout de temps », a relevé Pr Sanogo.
Ainsi, il précise que la tenue de ce Festival dans cette localité serait synonyme d’une provocation. Elle montre l’indifférence de l’Etat à la dure et pénible situation des populations. La douleur de ce drame n’a pas encore fini de faire sa cicatrisation, un festival s’organise avec des festivités dans cette localité. Pr Sanogo s’interrogeant de quelle intelligence se prémunit le Ministre de la Culture. Et pourtant, regrette-t-il, il s’autoproclame le plus savant de toute sa génération et même de celle précédente. « Une intelligence inouï l’aurait voulue, de manière très mesurée. Même si, cet événement était déjà programmé dans le calendrier des activités culturelles à dérouler, il devrait être reporté à un moment beaucoup plus propice afin de panser les blessures et plaies des populations », se désole-t-il.
Avec le cœur meurtri, le sociologue souligne que c’est très gauche, maladroit, provocateur et même indigne d’une intelligence culturelle de ces autorités. Pr Sanogo estime qu’on aurait beaucoup plus à penser et à chercher la vérité scientifique ou anthropologique de ces accidents. Mais aussi, chercher également à procéder à un certain nombre de rituels qui pourraient relever de la culture et de la religion. A defaut, l’Etat devrait penser à faire des sacrifices, des récitations de Coran, des psaumes de la Bible ou organiser une marche silencieuse avec les populations. Tous devraient s’habiller en blanc, mains à mains pour lancer un message expressif . Du point de vue symbolique, Pr Sanogo croit que cette option devrait être beaucoup plus marquante que d’organiser des événements folkloriques. « Ça ferait calmer les populations, à ce niveau là. J’aurais été conseiller du ministre ou membre du staff, je lui conseillerais de faire des actions qui arriveraient à donner un message protéiforme qui mélangeaient sensibilisation, remontrance et prières. C’est désolant et ça exprime juste le degré de culture assez limité de ceux qui dirigent ce ministère », regrette le sociologue.
Fesnac de Kaffrine: M Ndiaye, Taximan exprime sa désolation et son regret
Le Festival des arts et de la Culture qui se déroule à Kaffrine indispose beaucoup de Sénégalais. Il déplore la tenue de cet évènement à Kaffrine, frappé par l’un des plus dramatiques accidents du pays. L’attitude de l’Etat, disent-ils, symbolise un manque de considération aux victimes et populations qui vivent un immense et pénible deuil. Après l’accident de Sikilo et de Sakal, ils témoignent tout simplement que la République danse sur «la tombe» des victimes. Rien d’autre…
M.Ndiaye Taximan, rencontré dans les embouteillages de Dakar explique sa désolation et son regret, faisant suite au comportement de l’autorité étatique qui tympanise le pays avec des mesures irréfléchies. Alors qu’il fait montre d’un manque de respect notoire aux morts. « J’habite à Sikilo où ma femme vient d’accoucher notre premier enfant et c’est un garçon. Mais, je ne ferais pas une cérémonie festive pour le baptême. Je vais juste faire des récitals de Coran et donner le nom du bébé à l’enfant de mes voisins, décédé lors de cet accident qui nous met tous dans une tristesse sans précédent», a témoigné ce taximan avec un regard glaçant.
Sa cliente, assise derrière son siège en rajoute avec un sifflement compensatoire: « ohhh ndeyssane, c’est une immense joie d’accueillir son premier enfant dans un couple et surtout un garçon. Dans notre culture, c’est une grande cérémonie où toute la famille doit se réunir pour faire la fête. Mais, vous avez choisi de garder ce bonheur. Parce que, juste à côté, il y a vos voisins qui pleurent la perte de leur fils. C’est ça le Sénégal. Notre culture est bâtie sur des valeurs humaines très fortes. Qu’Allah vous bénisse », a prié le client très sensible, avant tapoter son chapelet à l’épaule du taximan.
Fesnac de Kaffrine : Abdoulaye Diallo, artiste peintre encourage à se libérer
Abdoulaye Diallo, artiste peintre, exhorte les populations à se libérer de la fumée qui assombrit nos âmes, pour qu’apparaisse, en nous, le reflet céleste divin ( l’étincelle divine). Il évoque Platon et Aristote qui se sont divertis pour faire leurs lois et la Politique.. Ces derniers, l’ont fait en se jouant. S’ils ont écrit de politique, insiste-t-il, c’était comme pour régler un hôpital de fous. Et, s’ils ont fait semblant d’en parler comme d’une grande chose, c’est qu’ils savaient que les fous à qui ils parlaient , pensaient être rois et empereurs.
L’artiste peintre, Abdoulaye Diallo estime que les populations devraient arrêter de continuer à croire que tout tient radicalement à une politique. C’est -à -dire l’art de créer des faits, de dominer en se jouant, des événements et des hommes. « De quelque façon que nous nous y prendrions, nous ne serons jamais ce que la nature des politiques en ferait. 1001 partis politiques sans démocratie interne, qui ressemblent à une véritable et ingérable pétaudière, dont chacun représente un gargouillis de caboches obscures et imperméables à la lumière », a philosophé l’artiste.
Ainsi, il indique que l’écart entre l’ignorance de ceux qui décident et l’impuissance de ceux qui savent met en danger la démocratie. L’esprit politique a introduit dans la circulation, de la fausse monnaie intellectuelle, des hommes qui falsifient les notions juridico-historiques, construisent des raisonnements spécieux, pour traiter d’économie et des finances. Juste pour orienter l’électeur citoyen à gauche ou à droite.
L’artiste relève un grand écart dans l’éducation entre l’enseignement des sciences et l’enseignement des valeurs morales et civiques, fait que seul l’argent émerge comme valeur nationale et universelle. Ce qui rend les problèmes des populations si fondamentaux, qu’ils prennent de terribles revanches sur ceux qui les ignorent. « Aujourd’hui, nous sommes en deuil. Nos routes sont rouges de sang », constate-t-il. L’artiste égratigne la gestion des transports motorisés, des infrastructures, des structures de délivrance et de contrôle de permis de conduire et celles délivrant les attestations d’aptitudes à circuler (visite technique), pour les véhicules. Il brocardait aussi, les services de police et de gendarmerie sur les routes. Il estime qu’il y’a des responsables et tous les responsables devraient être sanctionnés. Mais, il déplore de façon déplorable la tenue de ce festival à Kaffrine. Ne serait-ce, dit-il, que pour le respect des morts et des blessés de Sikilo et de Sakal.
Zaynab Sangarè