Islamophobie en Inde: Serigne Mountakha Mbacké condamne avec fermeté la situation des musulmans de l’Inde.
A travers un communiqué de protestation, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a condamné « avec fermeté » la situation des musulmans de l’inde. Ce, à la suite des propos jugés offensants de Nupur Sharma, porte-parole du parti au pouvoir, envers le Prophète Mouhamed (Psl) dans un pays où l’islamophobie serait « en constante augmentation » depuis l’avènement du Premier ministre Narendra Modi.
La tempête diplomatique se déchaîne et s’abat sur l’Inde suite aux déclarations à l’encontre de l’islam et du Prophète Mouhamed (Psl) de Nupur Sharma, porte-parole du Parti du peuple indien (Bjp, pouvoir) du Premier ministre Narendra Modi. Au Sénégal, même si aucune déclaration officielle n’est encore faite par les autorités étatiques, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a élevé la voix pour protester contre la persécution des musulmans de ce pays. « Cette islamophobie pratiquée en Inde par les hindous extrémistes a atteint son paroxysme (…) Des propos d’une indécence incommensurable ont été proférés à l’endroit de la meilleure des créatures le Prophète Mouhamed (Psl », a regretté le religieux, qui n’exclut pas, selon la presse, d’appeler la communauté mouride à « boycotter tous les produits venant de l’Inde », si le gouvernement indien ne trouve pas de solution à cette situation.
Que s’est-il passé ?
Lors d’un débat télévisé, qui portait sur la mosquée de Gyanvapi, Nupur Sharma a déclaré que certaines choses tirées des livres religieux islamiques pouvaient être moquées par les gens, notamment la relation qu’entretenait le prophète Mahomet avec Aïcha, qui était encore une enfant au moment de leur mariage. Elle a également déclaré que les musulmans se moquaient bien de la foi hindoue. Elle faisait ainsi référence à un objet récemment découvert dans la mosquée Gyanvapi. Les hindoues affirment qu’il s’agit d’un shivalinga (objet dressé, souvent d’apparence phallique, qui représente Shiva, l’un des trois dieux primordiaux sous sa forme symbolique) alors que pour les musulmans, il s’agit d’une fontaine.
Le tribunal du district de Varanasi doit entendre le 4 juillet les arguments de cinq femmes hindoues qui demandent l’autorisation de culte quotidien du Shringar Gauri Sthal dans la mosquée Gyanvapi.
Vague de protestations
La liste des pays musulmans condamnant les propos s’allonge. L’Organisation de la coopération islamique (OCI), basée en Arabie saoudite et qui regroupe près de 60 pays musulmans, a fustigé dimanche les propos de la responsable indienne intervenant dans un « contexte d’islamophobie en Inde ».
Le Koweït, le Qatar et l’Iran ont convoqué les ambassadeurs indiens pour réclamer des excuses. L’Arabie saoudite, qui a jugé « insultantes » ces déclarations, a appelé au « respect des croyances et des religions », tandis que Bahreïn et la Jordanie se sont félicités de la suspension, le dimanche 5 juin, de Mme. Sharma, pour avoir « exprimé des vues contraires à la position du parti ».
A rappeler que sur les 13,5 millions d’Indiens émigrés dans le monde, 8,7 millions résident dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe, d’après les autorités indiennes.
Selon les agences de renseignement, Al-Qaida dans le sous-continent indien (AQSI) menacerait de son côté, dans une lettre datée du 6 juin, de commettre des attentats-suicides à Delhi, à Bombay, dans l’Uttar Pradesh et dans le Gujarat dans le cadre de la « lutte pour l’honneur du Prophète ».
Nupur Sharma, une récidiviste !
Mais, il est à signaler que les remarques incendiaires de Nupur Sharma sur le prophète Mouhamed (Psl) ne sont pas nouvelles. Âgée de 37 ans, elle participe régulièrement aux débats télévisés, se posant en défenseure zélée et combative du programme du Premier ministre Narendra Modi. Son influence a pris de l’ampleur avec l’essor, ces dix dernières années, du Bharatiya Janata Party (BJP) qui s’est imposé comme force politique dominante de l’Inde en défendant l’identité hindoue, rapporte l’AFP. Qui écrit d’ailleurs qu’en 2008, encore étudiante, elle s’était engagée dans les jeunesses du BJP avant d’être élue présidente du syndicat étudiant de la prestigieuse université de Delhi. Elle y avait emmené une foule d’étudiants à l’assaut d’un séminaire organisé par un universitaire musulman, inculpé à tort pour attaque terroriste contre le Parlement et acquitté en 2005. Le même jour, selon toujours le média français, dans une émission télévisée, elle avait défendu avec véhémence ses actions et celles d’un camarade qui avait craché sur cet enseignant.
« Je ne vais pas m’excuser », avait-elle déclaré, ajoutant dans la foulée : « Je vais prendre position. Le pays tout entier devrait lui cracher dessus. Qui l’a invité à l’université pour parler de terrorisme ? »
Sharma a étudié à la London School of Economics pour devenir avocate, avant de se présenter pour le BJP, sans succès, à une élection nationale en 2015.
« Je retire mes propos »
Face à ce tollé sans précédent contre un pays où l’islamophobie serait « en constante augmentation » du gouvernement Modi, Nupur Sharma a vite réagi annonçant avoir retiré ses propos. En effet, dans un communiqué, elle déclare que « Mahadev » (Le Grand Dieu, ici en référence à Shiva) avait été insulté. « On disait par moquerie qu’il ne s’agissait pas de ‘Shivling’ mais d’une fontaine. Le (Gyanvapi) Shivling a également été ridiculisé en le comparant aux panneaux routiers et aux poteaux de Delhi. Je ne pouvais pas tolérer cette insulte envers notre Mahadev et j’ai dit certaines choses en réponse. Si mes paroles ont blessé les sentiments religieux de qui que ce soit, je retire mes propos. Je n’ai jamais eu l’intention de blesser les sentiments religieux de quiconque », a déclaré Nupur Sharma, sur Twitter.