Le billet de Baaba : « Avoir le sens de l’Histoire » ! par Amadou Tidjane Wone
Président de l’Union Africaine (UA) pour un an, Le Président du Sénégal Macky Sall, à été reçu par le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine, à ce titre. Les marques d’égards à l’endroit du représentant de 54 pays du Continent ont été nombreuses et ne relèvent pas du hasard. Devant les caméras du monde entier, les agences de presse les plus puissantes qui surveillent tous les faits et gestes du Président Poutine dans le contexte du conflit russo-ukrainien, l’occasion était belle de faire entendre, haut et fort, la voix de l’Afrique sur la marche du monde.
Signes protocolaires évidents.
D’abord être reçu par Poutine mieux que ne l’a été le Président Macron ! Il a reçu ce dernier en mettant une distance de 17 mètres (longueur de la table) entre eux. Par contre le Président Macky Sall est installé, côte à côte avec Vladimir Poutine, sur des fauteuils marrons/beiges ( !)un message à peine codé. Un clin d’œil à ses couleurs préférées, pour mettre le Président de l’UA encore plus à l’aise et le pousser… à la témérité ?
Alors, avoir tous les médias du monde à ses pieds et ne pas entrer de plein pied dans l’Histoire, avec un discours de haut niveau stratégique qui donne le point de vue de l’Afrique sur sa marginalisation et ses aspirations à l’avènement d’un monde nouveau est, pour le moins, une grande occasion ratée.
Vladimir Poutine a donné au Président de l’UA des égards qu’aucun chef d’état occidental ne peut obtenir dans le contexte actuel. Il lui a offert une plate-forme, à nulle autre pareille, pour marquer son second et dernier mandat. Il aurait pu, de Sotchi d’où la jeunesse panafricaniste a lancé aux chefs d’Etats du Continent un cri du cœur inoubliable et un défi, répondre comme en écho avec des messages-clés puissants qui revitalisent l’aspiration incompressible des peuples du Continent à l’Unité. À une Afrique sans frontières ou tout au moins sans barrières. À une Afrique où, aller d’un point à un autre ne relève plus d’un parcours du combattant. Une Afrique ayant dépassé la problématique de l’autosuffisance alimentaire. Une Afrique où il fait si bon vivre que personne n’a plus envie de la quitter…
Dans un contexte où la CEDEAO hésite encore à lever les sanctions contre le Mali, le Président de l’UA aurait dû saisir ce momentum pour prendre le contre-pied d’une organisation sous-régionale houspillée par l’opinion publique africaine, et lui montrer la voie à suivre… Hélas, le dernier sommet de la CEDEAO n’à rien trouvé de mieux que de repousser sa prise de décision d’un mois ! Une autre occasion ratée !
Que d’occasions perdues d’entrer dans l’Histoire et de rejoindre, dans le Panthéon des héros de l’Afrique les leaders qui, à ce jour, vivent et palpitent dans le cœur des africains. Il est inutile de les nommer ici au risque d’en oublier, mais disons seulement que les phrases cultes de Thomas Sankara lui survivent et constituent, entre autres, les germes de la Renaissance africaine.
Par ailleurs, rappelons qu’au plus fort des exactions de l’Apartheid, une phrase prononcée par le Président Abdou DIOUF, alors Président de l’UA, avait eu une résonance décisive et planétaire : « L’Apartheid est un crime contre l’Humanité ! »
Cela nous avait valu l’une des premières visites de Nelson Mandela à sa sortie de prison. Il y’à des moments, des mots et des postures, qui se rencontrent et scellent un destin.
Ces moments font l’Histoire, au sens éternité du terme. Ce sont des occasions Uniques . À ne pas rater !
Amadou Tidiane WONE