Collecte pour Farba Ngom : des dons anonymes qui interpellent, la CENTIF doit rester en alerte

Collecte pour Farba Ngom : des dons anonymes qui interpellent, la CENTIF doit rester en alerte
Selon des informations publiées par la presse, les proches et soutiens du député-maire des Agnam, Farba Ngom, actuellement confronté à des ennuis judiciaires, auraient réussi à collecter une somme dépassant le milliard de francs CFA afin de compléter la caution exigée pour sa mise en liberté provisoire.
Cette mobilisation serait l’œuvre du Comité de Résistance Populaire (CRP), composé de militants et de membres de la diaspora. Les montants évoqués par les différentes sources seraient répartis comme suit :
• Sénégal (hommes d’affaires et commerçants) : 270 millions FCFA
• Diaspora d’Afrique de l’Ouest : 450 millions FCFA
• Afrique centrale : 554 millions FCFA
• Amérique : 56 000 USD (env. 34 millions FCFA)
• Europe : 132 000 EUR (env. 86 millions FCFA)
• Dons anonymes : 43 millions FCFA
C’est précisément ce dernier point qui mérite toute l’attention des autorités compétentes.
Dans un pays où la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement illicite est un enjeu majeur, la présence de dons anonymes d’un montant aussi élevé dans une affaire judiciaire aussi sensible doit interpeller. Même dans un élan de solidarité, les exigences de transparence ne doivent pas être négligées, surtout lorsqu’il s’agit de sommes aussi conséquentes.
La CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), en tant qu’organisme chargé de détecter les flux financiers suspects, a un rôle crucial à jouer dans ce genre de situation. Toute contribution financière anonyme, particulièrement lorsqu’elle dépasse plusieurs millions de francs, devrait automatiquement éveiller une vigilance renforcée.
La loi sénégalaise prévoit en effet une surveillance des transactions inhabituelles ou non justifiées, notamment celles qui pourraient dissimuler des opérations de blanchiment, de corruption ou d’enrichissement illicite. Les 43 millions FCFA de dons anonymes rapportés dans cette affaire ne peuvent donc être ignorés.
Ce n’est pas seulement une question de justice dans une affaire précise. C’est aussi une question de principes : peut-on, dans une République, tolérer que des fonds anonymes soient mobilisés à cette échelle sans aucun contrôle ?
Il ne s’agit pas ici d’accuser, encore moins de juger, mais d’appeler à la responsabilité. La transparence financière est une exigence démocratique. La justice sénégalaise doit pouvoir travailler en toute indépendance, à l’abri des pressions, des montages financiers opaques ou des manipulations.
C’est pourquoi nous appelons, avec insistance, la CENTIF à rester en alerte, à examiner ces flux financiers avec la rigueur qu’exige sa mission, et à garantir que notre système ne devienne pas un refuge pour le blanchiment ou les financements d’origine douteuse.
La justice, la crédibilité des institutions et la confiance des citoyens en dépendent.
Opinions libres