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48 Heures au Sénégal : Entre Sélectivité Judiciaire, Contorsions Politiques et Pressions sur la Presse

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48 Heures au Sénégal : Entre Sélectivité Judiciaire, Contorsions Politiques et Pressions sur la Presse

L’actualité sénégalaise des dernières 48 heures illustre à merveille les contradictions du pouvoir en place, oscillant entre une justice à géométrie variable, des revirements politiques déroutants et des velléités de museler la presse.

Une justice à deux vitesses ?

L’affaire du chroniqueur Adamant en est une parfaite illustration. Poursuivi pour des déclarations jugées controversées, il a été placé sous mandat de dépôt après l’autosaisine expéditive du procureur. Pourtant, après jugement, il a été purement et simplement relaxé. Ce dénouement pose une question fondamentale : pourquoi un tel empressement du procureur sur ce dossier, alors que d’autres affaires plus graves stagnent depuis des mois ? Comment expliquer qu’avec tous les dossiers brûlants en attente, la priorité ait été donnée à la poursuite d’un chroniqueur dont la culpabilité n’a finalement pas été établie ?

Dans le même temps, un dossier autrement plus sérieux refait surface : Farba Ngom fait face au juge d’instruction aujourd’hui dans l’affaire des 125 milliards de francs CFA révélée par la CENTIF. Compte tenu des charges qui pèsent sur lui, nombreux sont ceux qui estiment que son placement sous mandat de dépôt ne serait qu’une simple question de cohérence judiciaire. Mais l’histoire récente enseigne que les réactions du parquet sont souvent dictées par des logiques autres que la seule quête de justice. La décision du juge dans cette affaire sera donc scrutée de près.

L’amnistie, entre reniement et calcul politique

Pendant ce temps, la scène politique est secouée par ce qui ressemble à une véritable trahison de principes. Thierno Alassane Sall a vu sa proposition de loi pour une abrogation totale de l’amnistie purement et simplement rejetée par le bureau de l’Assemblée nationale. À la place, c’est la proposition d’Amadou Ba, prévoyant une abrogation partielle, qui a été retenue.

Ce revirement interroge. Ceux qui, hier, promettaient l’abrogation totale de cette loi, se contentent aujourd’hui d’une suppression partielle. Qu’est-ce qui a changé entre leurs discours d’opposants et leurs actes de gouvernants ? Pourquoi ce rétropédalage qui laisse supposer des calculs politiques bien éloignés des impératifs de justice ?

Le bras de fer entre l’État et la presse

Autre front de tension : la rencontre prévue aujourd’hui entre le Premier ministre Ousmane Sonko et les partenaires sociaux, dans un contexte où la fronde syndicale se fait de plus en plus pressante.

Un point particulier cristallise les tensions : la presse. Les syndicats du secteur dénoncent avec force les dérives autoritaires du ministre de la Communication, accusé de vouloir imposer une véritable chape de plomb sur les médias. Dernière initiative en date : saisir le ministre de l’Intérieur pour exiger l’intervention des forces de l’ordre contre les médias non agréés par l’État. Une démarche perçue comme une tentative de musellement inacceptable, en contradiction avec les principes de pluralisme et de liberté d’expression.

Entre attentes et désillusions

Ces 48 heures résument à elles seules les paradoxes du moment : une justice prompte à poursuivre un chroniqueur mais hésitante face à des dossiers financiers d’ampleur, une classe politique qui ajuste ses promesses au gré des réalités du pouvoir, et un exécutif qui, tout en se posant en défenseur des libertés, montre des signes inquiétants de raidissement face à la presse.

Les prochains jours diront si ces tendances se confirment ou si le pouvoir prendra enfin la mesure des attentes qu’il a lui-même suscitées.
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